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Dossier Rencontres anuelles
Vendredi 2 Octobre 2015 – Religions et cultures, ressources pour imaginer le monde – 90ème session
Avec Pie Tshibanda, écrivain, professeur, réfugié politique congolais et artiste de music-hall.
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Il se dit « un fou noir au pays des Blancs ». Par sa verve, sa naïveté feinte, Pie Tshibanda nous interpelle, il nous interroge. Il questionne nos certitudes. Il nous fait rire. De lui, mais surtout de nous. Car le fou intrigue. Le fou amuse. Le fou c’est aussi, comme au temps des rois de France, celui qui dit la vérité, celle que le monarque ne veut pas toujours voir, celle que ses courtisans lui dissimulent.
En une heure de spectacle mené tambour battant, Pie Tshibanda, écrivain, professeur, psychologue, cadre d’entreprise, réfugié politique congolais et maintenant artiste de music-hall, égrène des généralités sur le monde et des témoignages très personnels sur sa vie. Il nous montre que si le rire est le propre de l’homme, il peut également être le meilleur moyen de rencontrer l’autre, sans œillère et sans préjugé. Bravo l’artiste !
Un rapide calcul : 1951-2015. L’homme qui est sur scène flirte avec les 65 ans. Et pourtant l’énergie dont il déborde, la vivacité de sa gestuelle, les mimiques et expressions qui illuminent son visage, ont quelque chose de juvénile. Tout comme sa tunique jaune et bleu qui, telle un soleil dans le ciel, rayonne sur scène. L’histoire de Pie Tshibanda pourtant, n’a pas toujours été lumineuse. Originaire de Kolwezi, au Katanga, il a connu la guerre civile, les menaces de mort, sur lui et sa famille, la peur, la fuite. Puis il a rencontré le monde occidental, la Belgique qui tantôt lui a ouvert les bras, tantôt les a fermés.
Je vivais tranquillement au Congo, dans une ville où j’avais construit ma vie. Et puis un jour de 1991, des leaders politiques ont décidé que les personnes originaires du Kasaï étaient devenues indésirables au Katanga. On nous a dit : « Faites vos valises, et partez. » On nous demandait de rentrer au Kasaï, où certains parmi nous n’avaient jamais mis les pieds. Moi j’étais né au Katanga, comme beaucoup d’autres. Le jour où trois hommes sont venus me chasser de mon bureau, je leur ai demandé : « De quel droit…? » Ils m’ont dit : « Ou vous sortez de vous-même en marchant sur vos deux pieds ou c’est nous qui vous sortons, et ce sera les pieds devants. » J’ai préféré sortir debout…
Cette histoire, c’est elle qui aujourd’hui alimente l’inspiration artistique de Pie. D’un drame, d’une tragédie, qu’il narre avec ses mots, il tisse une complicité avec son spectateur. On rit de bon cœur, quand il nous regarde droit dans les yeux et nous redit : « J’ai préféré sortir debout. » Pourtant c’est bien d’une purification ethnique qu’il est en train de nous parler.
Textes littéraires, bandes dessinées et surtout sketchs, la plume de Pie est alerte. C’est en montant sur les planches qu’il s’est fait un nom en Belgique. Et pour cause. Son humour est unique. Sa manière de nous interpeller, de nous surprendre aussi. Au travers de son regard, on se sent différent. Pie se pose en observateur extérieur et bienveillant de notre société et, comme Montesquieu dans ses Lettres persanes, nous conduit à nous voir autrement.
Il poursuit son témoignage : Ce jour-là mes enfants sont revenus de l’école en pleurant : « On nous a chassés parce qu’on est Kasaïens. » Il fallait prendre le train, faire 1 000 km pour retourner au Kasaï ! Un voyage qui, pour certains, pouvait durer un mois. En Europe, quand je vais dans une gare et que le train est annoncé avec un retard de 5 minutes, je vois des gens en colère. Pendant la guerre, chez nous, le train était parfois en retard d’un trimestre… Et quand le train arrive, seuls les jeunes trouvent de la place, car ils sautent par les fenêtres.
Pie ne nous agresse pas, il ne nous critique pas. Il nous amène à réfléchir sur nous. Ne sommes-nous pas des enfants gâtés, nous qui pestons contre le moindre train en retard sans réaliser la chance que nous avons de vivre dans des pays où tout fonctionne à peu près correctement ? Il nous fait partager sa philosophie de l’existence où l’on accorde finalement peu de poids aux contingences extérieures… On s’adapte.
[…]
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Actualité économique et sociale : le regard d’un journaliste chrétien
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