A l’heure des souhaits de bonne année, la vague nouvelle de la pandémie obscurcit l’horizon, complique la vie quotidienne, inquiète les familles, harasse l’hôpital et les soignants, désorganise l’école, pollue le débat politique en l’engluant dans des polémiques stériles. Pourtant − nous l’avons décidé − aux Semaines sociales de France, nous voulons oser rêver l’avenir, l’imaginer fraternel, serein, attentif aux Hommes et à la Terre. Nous le rêvons ensemble, non pas pour échapper au réel, mais pour le construire plus harmonieux, plus durable, plus accueillant.
Sur notre carte de vœux, nous en formulerons trois.
Des vœux pour une campagne électorale et un scrutin dignes, responsables et fructueux. Nous sommes témoins, d’élection en élection, d’une abstention croissante, d’un désintérêt de beaucoup de citoyens, notamment des plus jeunes, envers ces étapes importantes dans la vie d’une démocratie. Nous assistons à une montée de la défiance à l’égard de toute forme d’autorité, notamment politique, alimentée par des théories du complot entretenues par certains réseaux sociaux. Il est donc essentiel que les mois précédant l’élection présidentielle permettent de ranimer la flamme civique, de rappeler les enjeux de tel ou tel choix, en fonction de programmes travaillés avec rigueur, présentés sans faux-semblant et sérieusement argumentés. Et, tout en rappelant le nécessaire pluralisme des idées, vital pour une démocratie, on est en droit de souhaiter l’échec de ceux qui, jouant sur les peurs et les rejets, sont des dangers pour notre société.
Des vœux pour l’Europe, en ces mois où la France exerce une responsabilité particulière et où se jouent les premiers pas du nouveau chancelier allemand. Que cette Europe travaille à retrouver son unité fondée sur des valeurs communes, qu’elle s’efforce de mieux protéger les citoyens européens sur le plan social. Qu’elle vive la solidarité indispensable à l’accueil de migrants qui ne cesseront pas de venir frapper à ses frontières ; qu’elle apprenne à leur faire une place digne au sein de ses sociétés vieillissantes et frileuses, à les voir comme une chance et non comme une menace.
Des vœux pour l’Eglise catholique. Au lendemain des informations du rapport de la Ciase sur les crimes sexuels commis contre des mineurs et dans la perspective du synode sur la synodalité voulu par le pape François, rêvons d’une Eglise qui travaille réellement – laïcs et clercs ensemble – à la transformation ecclésiale dont nous avons besoin. Que la parole se libère pour rendre possible des évolutions, permettant aux catholiques de mieux vivre leur mission, de mieux participer à la vie des communautés mais aussi à la transformation de la société dans laquelle ils sont immergés et qu’ils ont, avec d’autres, à rendre plus juste.
Trois vœux, plus un ! Que les Semaines sociales, fidèles à leur héritage, continuent à s’engager pour le Bien commun. Qu’elles aient sans cesse le souci de travailler avec d’autres, croyants ou non croyants. Qu’elles demeurent un lieu de débats sereins et constructifs. Qu’au niveau national ou dans leurs Antennes régionales, elles sachent rassembler et écouter. Qu’elles démontrent, vaillantes centenaires toujours capables de renouvellement, la vitalité de leurs convictions et de leurs engagements. Et qu’elles trouvent les soutiens nécessaires pour vivre, non pas une année de plus, mais 100 ans de plus !
Dominique Quinio, présidente des Semaines sociales de France.