Dossier Plateforme du Bien Commun

Ne pas oublier les peuples racines qui eux aussi font face au Covid-19

Le monde d’après covid-19 ne sera-t-il que le monde d’avant en pire ? Irons-nous vers le « repli sur soi » et le « tous contre tous » ou aurons-nous la force de refonder des interdépendances planétaires solidaires, unis par notre destin commun ? Encore faut-il ne pas laisser sur le bord du chemin les plus marginaux, les plus invisibles. Parmi ces plus vulnérables, il y a les peuples racines qui subissent depuis longtemps les excès de la modernité. Ces peuples par leurs langues, leurs cultures, sont des richesses que nous devons, avec eux, défendre. Nous avons besoin d’eux, notamment dans leur rapport à la nature. C’est à eux que s’attache la nouvelle revue Natives.

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Le Forum Permanent des Nations Unies sur les questions autochtones a mis en garde sur le fait que les populations indigènes étaient particulièrement vulnérables aux épidémies. Ces peuples, en particulier les femmes et les jeunes filles, sont souvent touchés de manière disproportionnée par les épidémies et les crises en général. Le Forum estime que ces peuples comptent plus de 476 millions de personnes sur la planète. D’autres modes de calcul retiennent une population totale de 370 millions de personnes, réparties en quelques 5000 communautés. Les peuples autochtones ont un risque trois fois supérieur de vivre dans l’extrême pauvreté par comparaison aux populations non-autochtones des mêmes régions. Une pauvreté synonyme de comorbidités telles que les maladies métaboliques ou cardiovasculaires. Beaucoup vivent dans des zones isolées et éloignées des centres urbains et ne peuvent bénéficier de services de santé de bonne qualité. Leur mode de vie isolé les rend en outre plus vulnérables au plan immunologique. Au 14 avril, 838 personnes ont été testées positives au Covid-19 dans les communautés de la Nation Navajo aux États-Unis, qui occupent un territoire semi-autonome à l’ouest du pays, et 33 décès étaient à déplorer. En Amazonie, les premiers cas sont apparus et se multiplient rapidement. La situation est préoccupante au Brésil, en Équateur, au Pérou, mais aussi en Guyane française où les populations locales dénoncent la présence massive de prospecteurs miniers, qui ajoutent la menace sanitaire à celle de la destruction des forêts et des sols.

La nouvelle revue Natives vient de naître dans ce contexte perturbé, à découvrir en cliquant ici. Premier média francophone consacré aux peuples racines, elle souhaite porter la parole de ces peuples dans le monde et encourager un dialogue fécond avec notre modernité. La crise sanitaire que nous traversons menace tout le monde et révèle l’unité fondamentale de l’humanité face à de tels dangers, bien qu’elle soit plus dangereuse encore pour les populations pauvres et fragiles. L’initiative portée par la revue Natives s’inscrit dans le monde de demain, un monde qui devra nécessairement être plus juste et plus solidaire, et aussi plus respectueux d’une nature dont nous devons nous considérer partie prenante et non pas « exploitants ». Le consensus scientifique est en effet large sur le fait que la pandémie est une zoonose, une maladie transmise par des animaux sauvages dont on a détruit les habitats naturels par la déforestation et l’exploitation des sols et sous-sols. Ces destructions engendrent des rapprochements funestes avec les populations d’animaux d’élevage, domestiques et avec les humains. En outre, 60 % des populations d’animaux sauvages ayant été rayés de la carte au cours des dernières décennies, les virus et autres germes pathogènes s’adaptent nécessairement à de nouveaux hôtes…

À l’heure des réflexions sur « le monde d’après », tout en soutenant ceux qui luttent quotidiennement contre la pandémie, il apparaît plus que jamais nécessaire de retrouver le lien qui unit les hommes entre eux et avec la nature. La revue Natives entend y contribuer sans excès de culpabilisation ni désignation de boucs émissaires, simplement en mettant ces liens en lumière pour redonner du sens. C’est l’affaire de tous et de chacun.

Jocelin Morisson, rédacteur en chef de Natives

Pour soutenir la revue Natives – des peuples, des racines, on peut contribuer à la campagne de crowdfunding et d’abonnement en cliquant ici.

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