Les sans-domiciles : quelle est la situation en France

Début 2012, il y avait en France environ 140.000 personnes sans domicile. Ce chiffre résulte d’une enquête réalisée par l’INSEE et l’Institut National d’Etudes Démographiques. La précédente enquête datait de début 2001. Entre ces deux dates, la population des « sans domicile » avait augmenté de 50%. Cet accroissement considérable s’explique par les étrangers qui sont très largement majoritaires. Au milieu de ceux-ci, il faut noter l’importance des non-francophones qui proviennent surtout d’Europe de l’Est et sont souvent en famille avec des enfants. Parmi les sans-domicile se trouvent également les demandeurs d’asile accueillis par le dispositif national d’accueil des étrangers (CADA).Celui-ci était saturé en 2012 avec 22.500 personnes hébergées contre 6.500 en 2001.

Il est normal qu’il y ait beaucoup plus d’étrangers en proportion dans la population des sans domicile fixe car les étrangers sont souvent en difficulté pendant les premières années de leur séjour en France. Cependant, le nombre d’étrangers sans ressources ni lien avec le pays, entrés plus ou moins légalement provenant de pays en guerre ou traversant de grosses difficultés, aurait sensiblement augmenté ces dernières années en France et en Europe. Il faudra attendre la prochaine enquête pour avoir une information à ce sujet. L’aide aux personnes sans domicile s’est améliorée depuis 2001. Les proportions de sans abri et de personnes accueillies dans un centre d’hébergement collectif que l’on doit quitter le matin ont baissé. Début 2012, les trois quarts des sans domicile fixes sont hébergés soit dans un service d’hébergement permettant de rester la journée, soit dans un hôtel, soit, et c’est le mieux, dans un logement fourni par une association. Femmes et enfants sont plus fréquemment hébergés en logement. Ainsi environ un tiers des sans domicile sont logés dans un logement fourni par une association ou un organisme d’aide. Il faut noter que cette proportion varie beaucoup entre la province (40%) et la région parisienne(15%). Cette dernière est le point d’entrée de nombreux migrants : 55% des migrants nés à l’étranger y résident contre 30% des sans domicile nés en France.10% des sans domicile sont sans abri (personnes ayant dormi dans un lieu non prévu pour l’habitation : rue, pont, gare,…). Ce sont très majoritairement des hommes.

Environ un quart des sans domicile ont un emploi. C’est la moitié de la proportion dans la population d’ensemble. De fait, la proportion de chômeurs dans la population des sans domicile est très élevée (40%). Les emplois occupés sont en général  peu qualifiés et souvent instables : environ un quart d’entre eux ne donnent pas lieu à un contrat de travail, et environ 40% sont des emplois temporaires ou des CDD. Parmi les chômeurs, la proportion de chômage de longue durée (plus de deux ans) est plus du double (43%) de celle qui affecte les chômeurs en général.

Les personnes sans domicile français ont eu souvent une enfance difficile : un quart d’entre eux ont été placés hors de leur famille, plus d’un tiers ont subi de mauvais traitements et un tiers ont eu une famille affectée par l’alcool ou la drogue. Plus de la moitié sont en conflit avec leur famille. Il existe peu d’information sur l’évolution de la situation de ces personnes. On n’a pas d’information sur la capacité des sans domicile à améliorer leur situation à terme. Les étrangers francophones y arriveraient. Etre sans domicile serait pour eux l’effet transitoire des difficultés éprouvées au moment de leur arrivée en France.

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Par Paul Champsaur, rédacteur des SSF

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