Dossier Plateforme du Bien Commun

La réconciliation

Une méthode pour refaire communauté au-delà des frontières.

Travailler au Bien Commun c’est aussi s’interroger, au niveau planétaire, sur les tensions, les conflits historiques ou actuels qui divisent le monde. Le texte qui suit nous permet de penser les préalables à une réflexion partagée sur notre commun : est reprise ici la réponse de Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement (AFD), à une question posée par Pascal Boniface (IRIS) sur la réconciliation comme méthode pour dépasser les contradictions du monde actuel. Question posée à l’occasion de la parution de son ouvrage « Réconciliations ».

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« …Un processus de fracturation tous azimuts (..) caractérise le monde actuel. Fractures géopolitiques, fractures environnementales, fractures sociales, fractures territoriales, fractures historiques réactivées. Fractures que notre nouveau monde politique, de plus en plus polarisé par l’outrance victorieuse et l’influence inestimée de l’entre-soi des réseaux sociaux, ne cesse d’approfondir. »

« Nous devons d’urgence opposer à ces fracturations un principe et une méthode de force comparable, susceptibles de rallier les énergies qui œuvrent pour un monde en commun. C’est ce que j’ai essayé de faire (…) en réinventant un concept présent dans toutes le civilisations, disponible et mystérieux, capable de réduire nos fractures : la réconciliation comme moyen et comme objectif. Une façon synthétique aussi de dire et de donner plus de force aux décisions unanimes de 2015, les dix-sept Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies et l’Accord de Paris pour le climat. »

« Une réconciliation n’est pas un état stable – comme la paix. Ce concept a une valeur performative. C’est un processus, un travail, qui suppose, pour réussir, sept ingrédients. (i) L’acceptation de l’autre, d’abord. Le respect de la différence exprime « toute la dimension anthropologique du développement », à l’instar de ce que le Canada réalise avec ses populations autochtones. (ii) Une réconciliation repose sur une connaissance partagée des faits. La vérité, plus que la justice : l’Accord de Paris n’aurait pas été possible sans un énoncé circonstancié et répété de la réalité climatique par le GIEC. (iii) La réconciliation est aussi le fruit d’une création mutuelle. Elle n’est jamais le retour à un âge d’or. Elle ne s’arrête pas à la victoire de l’un sur l’autre. (iv) Elle est un phénomène endogène, qui ne peut suivre un modèle imposé de l’extérieur. (v) Parce qu’elle est une dialectique, la réconciliation suppose un dépassement des contraires – comme le prônait le général de Gaulle en appelant au rassemblement des forces vives de l’économie, en apparence opposées, autour du relèvement du pays. (vi) Elle doit impérativement conduire à un changement dans la réalité en apportant à tous les acteurs concernés un espoir et une satisfaction concrète. (vii) Enfin, la réconciliation ne se décrète pas : telle une trame, elle se tisse dans la durée. Elle suppose des étapes, des rendez-vous, des résultats. »

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