Des vœux pour un débat apaisé

Quand se termine cette année 2018, marquée dans ses dernières semaines, par les colères, les incompréhensions, les désarrois, les violences ; quand se révèle la distance entre les gouvernants et une large partie des citoyens ; quand s’agrandit le fossé entre les métropoles et les territoires ruraux ou périurbains ; quand tant d’hommes et de femmes de tous âges ne se sentent ni écoutés, ni reconnus, la palette des vœux que l’on pourrait formuler à l’aube de 2019 semble évidente.

« Nous voudrions que les « élites » descendent de leur piédestal pour aller à la rencontre de ceux qui s’estiment méprisés »

Nous voudrions que les « élites », quelle que soit la réalité de ce que recouvre ce mot – des politiques aux médias ou aux chefs d’entreprise, en passant par les experts de toutes obédiences – descendent de leur piédestal, ou plutôt de leur « entre-soi », pour aller à la rencontre de ceux qui s’estiment méprisés, négligés. Nous souhaiterions que les Français qui se sont retrouvés dans la couleur jaune des Gilets n’en restent pas au ressentiment, mais essaient de bâtir un projet pour eux-mêmes et pour les autres. Que leur mouvement ne se résume pas à une somme de revendications individuelles mais vise la recherche de solutions bonnes pour tous, ce que l’on peut appeler le Bien commun.

« un dialogue vrai et respectueux, où chacun accepte de laisser l’autre exprimer ses positions pour mieux se comprendre »

Bref, nous pouvons adresser à notre pays nos vœux pour un dialogue vrai et respectueux, où chacun accepte de laisser l’autre exprimer ses positions pour mieux se comprendre. On en est loin, hélas, et ce n’est pas le grand débat public annoncé par le président Macron, censé se dérouler dès janvier dans un laps de temps trop court, qui répondra à ce que l’on pourrait espérer. Ce n’est pas, non plus, la posture tellement attendue des partis d’opposition qui en donnera l’exemple. Ni le déferlement de haine sur certains réseaux sociaux. Croyons pourtant que l’on peut s’y essayer.

Pour les Semaines sociales, cette année a permis un travail de réflexion sur leur avenir, de redéfinir leur projet associatif. Elles ont rappelé notamment qu’elles se donnaient comme méthode, de tout temps, une pédagogie du débat constructif et apaisé. Un débat qui permette de mettre en lumière la complexité des réalités et la diversité des approches. Un débat nourri de la pensée sociale de l’Eglise qui nous rappelle comment il nous faut essayer de défendre la dignité de chaque personne, en respectant ses droits élémentaires, mais aussi le bien de la communauté, avec le souci permanent des plus pauvres et des plus fragiles. Il nous est également rappelé que nous ne sommes pas propriétaires mais gérants des biens de ce monde et que tous – ici et ailleurs – doivent en être les usufruitiers. Qu’il s’agisse du produit intérieur brut d’un pays ou des ressources menacées de la planète. Nous aurons l’occasion d’en témoigner autour du thème des fractures sociales et de la cohésion sociale que nous explorerons dans les mois à venir avec les Antennes régionales.

« Si nous sommes ce que nous disons vouloir être, nous pouvons être utiles »

Nous nous sommes interrogés, dans notre processus de transformation, sur « l’utilité sociale » des Semaines Sociales. Ne doutons pas de la réponse. Si nous sommes ce que nous disons vouloir être, des êtres de relation, des médiateurs au service de la société et de l’Eglise, nous pouvons être utiles, sans arrogance ni volonté d’hégémonie ; nous voulons simplement, avec d’autres, penser les conditions de l’engagement chrétien, aider nos contemporains à vivre leur devoir de fraternité, à habiter pleinement notre maison commune, à ne pas douter de l’avenir, à incarner une espérance.

Recevez nos meilleurs vœux. Tâchons de les réaliser.

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Par Dominique Quinio, présidente des Semaines sociales

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