Dossier Plateforme du Bien Commun

Comment rendre durable une expérience de jardin partagé ?

C’est à propos d’une expérience de jardin partagé dans une ville moyenne de la région parisienne sur un terrain municipal à destination des habitants d’une barre HLM. L’expérience a très bien marché la première année puis a rencontré des difficultés. Au-delà du cas spécifique, Il s’agit de comprendre ce qui marche et ce qui marche moins bien pour créer du lien social.

Comment faire pour qu’une initiative échappe à ses initiateurs et soit prise en charge par le groupe beaucoup plus large de ceux à qui elle était destinée. Qu’elles sont les conditions du succès dans la durée, quels sont les écueils à éviter, comment faire en sorte que les gens prennent possession de l’initiative sans se sentir dépendants de ceux qui l’ont lancée. C’est à ces questions qu’il est ici tenté de répondre de façon concrète.

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La question du jardin partagé constitue un beau sujet en matière de suivi. En effet à l’idée d’origine de partager une expérience avec d’autres et à la joie de retrouver un lien physique de la terre succèdent les déconvenues : échec des cultures, fatigue devant l’effort, jalousie entre jardiniers…

Les promoteurs ne peuvent pas lâcher les jardiniers sans s’être assurés de la viabilité de l’opération.

Il y a donc lieu de s’interroger sur :

  • le contrat entre bailleur et jardinier : occupation précaire mais pour quelle durée ; quelles obligations pour le jardiner : cultiver la terre, couvrir le sol en hiver avec une culture dérobée par exemple.
  • le matériel : mise à disposition d’outils (entretien et rangement) ; accès à l’eau (puits ou prélèvement sur le réseau collectif…)
  • les cultures : choix des semis en fonction de la saison, du sol et des conditions climatiques, entretien des parcelles en saison (y compris pendant les congés), suivi des cultures – pincer les tomates- ; enlèvement ou non des fanes, organisation du compostage…
  • l’encadrement agronomique : amendements, traitements, arrosage – suivi bilan de fumure, Précipitations, ETP).
  • la relation éventuelles avec les services techniques de la ville (apport des fonds de serre; fourniture de terreau )
  • la gestion des produits (accès aux différents jardins, cueillette en période d’été, fourniture d’une épicerie sociale…
  • l’organisation des jardiniers entre eux doit être prévue très rapidement pour régler la question de l’abandon de jardiniers et leur remplacement, la gestion de l’eau, l’entraide, la convivialité (prévoir deux réunions de travail : organisation en début de saison, début avril et bilan en octobre); rencontre conviviale autour d’un barbecue en mai par exemple En outre, il paraît indispensable de désigner un coordinateur ( relation avec bailleur, collectivité) et le cas échéant un conseiller technique ( conseil en plantation, fertilisation, traitements, arrosage, récolte)

Le jardin est un lieu de rencontre exceptionnel entre écolos, bobos, personnes originaires d’Afrique du Nord, immigrés de fraîche date, chibanis et anciens mais c’est un lieu vivant qu’il faut gérer en permanence ; créer un jardin partagé, c’est relativement facile, le faire vivre c’est une aventure permanente. Nous ne sommes pas dans un système social administré mais dans une école de vie qui suppose une organisation des acteurs, une répartition de responsabilité et le cas échéant la mise en place d’un superviseur.

Gerard Bodhuin (Alsace)

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