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Les principes de la pensée sociale de l'Église sont tous orientés vers le respect et la promotion de la dignité humaine. La dignité procède du fait que toute personne est créée à l'image de Dieu et qu'elle est appelée au salut.
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Pour évoquer l’empreinte du christianisme dans l’Europe du XXe siècle, trois universitaires et chercheurs européens sont venus témoigner de l’impact de la religion sur les systèmes politiques européens et, en particulier, dans leur pays d’origine respectif, à savoir l’Allemagne pour Karl Gabriel, la Pologne pour Roza Thun et l’Espagne pour Eduardo Escartin.
Cette rencontre du vendredi après-midi a largement fait ressortir l’inspiration religieuse des modèles d’Etat social qui sont nés au siècle dernier. Eduardo Escartin, historien et professeur à l’université de Barcelone, en a dressé un panorama historique en insistant en particulier sur le catholicisme social espagnol.
Karl Gabriel, professeur à l’université de Münster, a illustré les principes de base qui animent toute politique sociale : la redistribution des richesses dans un souci d’équité, la régulation du marché du travail, l’intervention de l’Etat comme garant de certaines structures ou encore la solidarité transmise par modèle (à travers la liberté, l’égalité…). Autant de principes qui puisent leur origine dans des fondements religieux de partage et d’échange.
Les corrélations entre système politique et modèle religieux apparaissent de façon encore plus évidente quand on constate, à l’instar d’Auguste Comte, que les pays issus du protestantisme ont développé avec force un modèle basé sur l’individu et, par là même, qu’il existe moins de préoccupation sociale dans les Etats où le calvinisme est dominant (Grande Bretagne, Etats-Unis…). La production d’Etat social est toutefois aussi limitée quand le catholicisme est resté trop dominant, comme le montre l’évolution historique de l’Espagne, par exemple.
Tandis que les Etats-nations doivent désormais imposer leur identité dans un monde tripolaire (Europe, Asie, Etats-Unis), il apparaît essentiel pour l’Union européenne de marquer sa spécificité au travers d’un capitalisme à dimension sociale. Car « sans pacte social », rappelle Karl Gabriel, « le pacte civil n’a pas de fondement ». C’est en ce sens que l’Eglise a son rôle à jouer dans la définition des politiques sociales : elle est, en effet, en mesure d’intervenir pour renforcer la coopération entre acteurs de la société civile, donner plus de voix à l’opinion publique ou encore ériger en principes universels des droits sociaux trop souvent rattachés à des activités salariées (comme la couverture sociale). L’Eglise permettrait donc d’offrir des espaces intermédiaires de dialogue social cohérent et pertinent.
Les idées d’échange culturel et d’ouverture à l’autre, promus comme des valeurs chrétiennes éminentes, sont venues jalonner les discours de chaque intervenant. Roza Thun, présidente de la Fondation Schuman à Varsovie, n’a pas manqué de remarquer qu’une faible connaissance de l’autre entraîne la formation de stéréotypes, tandis que l’Union a, quant à elle, ce formidable atout de favoriser les contacts entre peuples. Et de conclure : « Je suis très heureuse d’appartenir à cette belle famille ».
Sarah Le Blé
L’exigence œcuménique dans l’Europe à 25
Michel Kubler, rédacteur en chef au journal La Croix, a animé avec entrain le débat sur la situation de l’œcuménisme entre les communautés chrétiennes au sein de l’Europe élargie. A ses côtés se tenaient les représentants des quatre Eglises chrétiennes : le pasteur Jean-Arnold de Clermont, de l’Eglise réformée de France, Mgr Van Luyn, évêque catholique de Rotterdam, Mgr Joseph Pop, métropolite de l’Eglise orthodoxe de Roumanie, et Mgr Richard Chartres, archevêque anglican de Londres.
Quel rapport existe-t-il entre l’unité de l’Europe et celle de l’Eglise aujourd’hui ? Où en est l’œcuménisme quinze ans après la chute du mur de Berlin qui a vu la fin des régimes communistes ? Dans une Europe élargie comptant 450 millions d’habitants, dont 360 se disent chrétiens, comment vont évoluer les confessions chrétiennes ? Autant de questions auxquelles ont tenté de répondre les quatre intervenants.
Le pasteur Jean-Arnold de Clermont a souligné, dans son intervention, une évidence qui, selon lui, mériterait d’être mise en exergue : celle d’une Union européenne devenue un véritable espace de paix. Un héritage issu des « pères fondateurs » de l’Europe qui avaient, semble-t-il, déjà tracé la voie à suivre. Dans cette perspective, comment les Eglises peuvent-elles prendre part à la construction européenne ? En posant, souligne le président de la Fédération protestante de France, trois exigences à l’Union : celle de ne pas considérer comme un acquis cet espace de paix, celle de lutter pour plus de justice sociale et contre la pauvreté, avec notamment une politique d’asile et de migrations appropriée, celle enfin de respecter les minorités ethniques, religieuses et culturelles.
L’évêque de Rotterdam a pris ensuite la parole en rappelant aussitôt que les catholiques sont estimés à 260 millions en Europe et disposent, de ce fait, d’une lourde responsabilité quant à la réconciliation des chrétiens. L’attitude à adopter pour une plus grande unité consiste alors à faire preuve d’autocritique, mais également à intégrer de façon constante l’idée de bien commun. Les intérêts généraux doivent, en effet, surpasser les passions communes.
Le discours du métropolite roumain n’a pas manqué de renforcer cette idée de conciliation entre les communautés chrétiennes. « L’Europe a besoin de la fraternité des églises », s’est-il exclamé avant de souligner que les années de séparation et de méfiances réciproques n’avaient cessé de marquer des générations entières. Le représentant du Patriarche de Bucarest a ensuite comparé le principe de subsidiarité propre à l’Union européenne à celui qui prévaut dans l’organisation collégiale de l’Eglise orthodoxe. « Tout ne va pas bien entre les différentes Eglises, mais la présence ici, aujourd’hui, de nous tous est une preuve que le dialogue avance », a-t-il conclu.
Pour l’évêque anglican de Londres qui a conclu les échanges, l’Europe reste une société à inventer car elle est encore nouvelle et la tâche de tous. Et celle de l’Eglise est de « retrouver une identité européenne en affermissant nos valeurs communes».
Célia Sampol
L’Européenne de Bruxelles
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