Les 9 et 10 octobre prochains, s’ouvrira à Rome le synode sur la synodalité, voulu par le pape François. Le calendrier a pris du retard du fait de la pandémie, et le processus – un mot auquel tient particulièrement François – devrait aboutir en 2023. Les consultations préalables et les contributions qui remonteront à Rome se feront à deux niveaux, national puis continental. Il s’agit, ni plus ni moins, de penser l’avenir de l’Eglise, dans la lignée de la Lettre au Peuple de Dieu dans laquelle le pape appelait tous les baptisés à participer à la transformation sociale et ecclésiale dont le monde a tant besoin, écrivait-il. Un appel en réponse à la grave crise des abus sexuels mais aussi des abus de pouvoir et de conscience qui déchirent l’Eglise catholique.
« Pour François […], il est impératif que tous les baptisés marchent ensemble pour mieux rejoindre leurs contemporains. La réussite dépend désormais de chacun de nous […]. »
Les mots « synode » ou « synodalité » peuvent rebuter ou paraître obscurs. Pourtant pour François, il est impératif que l’Eglise catholique du troisième millénaire soit véritablement « synodale », que tous les baptisés marchent ensemble pour mieux rejoindre leurs contemporains. La réussite dépend désormais de chacun de nous, invité à participer aux débats que les diocèses organiseront ou en proposant des contributions individuelles ou communautaires … Certes, tous ces apports seront condensés en une synthèse, d’abord nationale puis dans un deuxième temps continentale, mais consigne a été donné aux auteurs de ces synthèses de faire également droit aux positions plus minoritaires.
Il devrait être question d’écoute, de coresponsabilité, de gouvernance, de la place des plus pauvres, du rôle des laïcs, des femmes, des jeunes… Mais nous pouvons nous arrêter sur plusieurs des thématiques évoquées dans le document préparatoire (sous forme de questions) qui résonnent avec la raison d’être des Semaines sociale de France, rappelée dans le projet associatif de janvier 2019. L’une, la première citée, s’intitule « les compagnons de voyage » : « Dans l’Eglise et dans la société nous sommes sur la même route, côte à côte. Quels sont les compagnons de voyage avec les quels nous cheminons même en dehors du cercle ecclésial ? Quelles personnes ou quels groupes sont-ils laissés à la marge expressément ou de fait ? » Ou encore : »Comment l’Eglise dialogue-t-elle et apprend-elle d’autres instances de la société : le monde de la politique, de l’économie, de la culture, la société civile, les pauvres… ? ». Autre questionnement, sur la communication : « Prendre la parole avec courage et parrhésie, c’est-à-dire en conjuguant liberté, vérité et charité ». « Comment favorisons-nous un style de communication libre et authentique » entre nous et à l’extérieur ? « Quand et comment réussissons-nous à dire ce qui nous tient à cœur ? » Les engagements sont également évoqués : « Comment la communauté soutient-elle ses membres qui sont engagés dans un service au sein de la société (engagement social et politique, engagement dans la recherche scientifique et dans l’enseignement, au sein de la promotion des droits humains et de la sauvegarde de la Maison commune ? » .
Cette présentation des sujets à mettre en débat ne vise pas à nous congratuler, à juger que nous aurions déjà les bonnes réponses, à nous satisfaire de notre attachement à l’enseignement social de l’Eglise, de notre pratique des dialogues apaisés et constructifs avec différents acteurs de la société. Elle est une invitation à approfondir ces démarches, à les purifier, à en vérifier la qualité, à les mettre en œuvre avec détermination. De manière toujours plus synodale, à l’écoute des autres, même s’ils ne nous ressemblent pas, et avec eux.
Dominique Quinio, Présidente des Semaines sociales de France