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Dossier Rencontres anuelles
Dimanche 4 Octobre 2015 – Religions et cultures, ressources pour imaginer le monde – 90ème session.
Avec Henri-Jérôme Gagey, philosophe et théologien.
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Je l’ai dit, jouer les religions comme des ressources pour imaginer le monde qui vient ne va pas de soi alors que tant de voix influentes les présentent comme des menaces. Mais en ce qui concerne le christianisme, il est un soupçon encore plus radical qui porte sur le cœur de son message, sur son affirmation de la puissance salvifique de l’amour. C’est sur ce point que je voudrais réfléchir avec vous.
« Seul l’amour nous sauvera » affirme hautement Jorge Bergoglio dans le titre qu’il donna à l’un de ses ouvrages, publié avant son pontificat. C’est beau comme un rêve. Mais pouvons-nous reconnaître dans cette phrase une parole forte, capable d’assumer la dureté du monde, le caractère dramatique de l’existence humaine ? Ou bien n’est-ce qu’un conte pour enfants ? Examinons cette objection.
Nous faisons face à un pénible paradoxe : d’un côté, la globalisation a pour conséquence une interdépendance croissante en sorte que nous ne pouvons vivre et survivre sans les autres. L’urgence de la coopération s’impose donc sans la moindre équivoque avec les sacrifices qu’elle implique pour les plus défavorisés. Ainsi que l’exprime sans s’embarrasser de détail François : « […] l’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties. » (Evangelii Gaudium 193).
Mais d’un autre côté, l’interdépendance n’engendre pas de soi la solidarité. Et nous assistons au contraire à l’accroissement de la fragmentation des intérêts nationaux, régionaux et catégoriels au regard des réformes à conduire. Certaines régions prospères revendiquent leur indépendance pour ne plus avoir à « payer pour les autres ». Certains dirigeants d’entreprise s’octroient des rémunérations qui défient la rationalité économique au risque de rompre le tissu social… j’en passe et des meilleures. Bref, l’impératif de la solidarité ne s’impose pas spontanément à chacun et aux collectivités qui lui préfèrent bien souvent l’égoïsme sacré de l’individu, du clan, du milieu social ou de la nation. Voilà pourquoi en appeler à l’amour pour sortir de la crise et inventer des solutions nouvelles semble à beaucoup un rêve indigne de confiance. Qu’ajouter à cela ?
Une chose relativement simple mais qui échappe le plus souvent : selon la tradition chrétienne, aimer est un commandement qui ne doit pas seulement être prescrit, mais qui doit être institué par des procédures symboliques et rituelles capables de poster le sujet en responsabilité devant la communauté à laquelle il appartient et finalement devant la communauté universelle de ses prochains. En effet, comme le dit le prophète Jérémie, « La Loi de Dieu ne doit pas seulement retentir à nos oreilles, il faut que Dieu lui-même l’inscrive sur nos cœurs » (Jr 31, 33). Bien sûr, ce commandement de l’amour correspond à une tendance spontanée universelle du sujet humain, à son orientation « érotique » foncière pour reprendre les termes de Patrick Viveret (« Tout le monde aime, tout le monde a de la peine » chantait France Gall à qui les Beatles faisaient écho avec « All you need is love »). Mais cette orientation érotique demeure profondément ambiguë.
Disons-le en peu de mot, pour que le monde change en bien et devienne plus vivable, « il ne suffit pas d’aimer ». Car on peut aimer mal, d’un amour destructeur qui rapporte tout à soi, d’un amour qui étouffe l’autre ou dévore son objet au lieu de se tenir vis-à-vis de lui à la bonne distance qui en respecte l’altérité. Voilà pourquoi ce n’est pas l’amour comme tendance spontanée du sujet qui fait l’objet d’un commandement, mais c’est « cet amour-là » dont Jésus, dans la suite des prophètes et des sages d’Israël, nous a donné le témoignage ; « cet amour-là » dont il nous a aimés le premier.
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