Dossier Rencontres anuelles

Quelles finalités pour l’éducation aujourd’hui ?

Samedi 19 Novembre 2016 – Ensemble, l’éducation – 91ème session

Avec Pascal Balmand, secrétaire général de l’Enseignement catholique, et Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité.Présidente de séance : Gemma Serrano, théologienne

Jean-Louis Bianco : Je vais me concentrer sur l’école en répondant à la question posée par Gemma Serrano. Je crois qu’il faut évidemment partir des finalités pour envisager les moyens, c’est la démarche que vous avez entreprise. Le premier constat que je ferai, c’est qu’on demande beaucoup à l’école. On lui demande de transmettre un savoir, de préparer au monde professionnel, de permettre l’accomplissement de la personne, d’éduquer et pas seulement d’instruire, de suppléer parfois les parents défaillants (même si, pour la majorité des Français, c’est la famille qui demeure l’acteur essentiel de l’éducation bien qu’elle ne soit pas toujours en capacité de le faire). L’école doit aussi permettre d’acquérir une culture morale et civique, une culture du débat. Ceci est depuis peu concrétisé d’une manière différente dans ce qu’on a appelé « l’enseignement moral et civique », à la suite de la loi de refondation de l’école de 2013, reprenant l’expression de Jules Ferry. Je voudrais souligner quelques points qui nous engagent à ce lien entre école et éducation :

  • la sensibilité qui engage le rapport à soi-même et aux autres ;
  • le droit et la règle qui engagent le rapport à la loi ;
  • le jugement pour penser par soi-même et avec les autres ;
  • l’engagement pour agir individuellement et collectivement.

Les demandes faites à l’école ne sont-elles pas trop nombreuses ? La question est légitime d’autant qu’il apparaît que la demande des parents, les finalités qu’ils souhaitent ne sont pas les mêmes ou n’ont pas le même ordre de priorité que ce que demandent l’institution, l’Éducation nationale, le pouvoir politique. Pour les parents, en grande majorité, d’après le sondage paru dans La Croix en novembre 2016, son rôle principal est la transmission des savoirs fondamentaux, les autres finalités étant presque marginales. Moins les familles disposent de ressources culturelles, plus elles sont centrées sur les savoirs fondamentaux qui permettront à leurs enfants de trouver un travail. Je ne vois pas de critères ou de méthodes pour choisir entre ces finalités. Malgré toutes les difficultés et les échecs, l’Éducation nationale, les enseignants et les acteurs liés à l’école sont engagés sans trop d’états d’âme dans ces tentatives pour répondre à toutes ces demandes.

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