Dossier Plateforme du Bien Commun

Lettre d’une fidèle des Semaines sociales

La réaction d’une fidèle des Semaines sociales de France, de 93 ans, à la lettre des SSF de Mai 2020, et à son appel : « Préparer le jour d’après dans une société à reconstruire. »

Je suis une très vieille dame, catholique survivante de la génération du Concile Vatican II, qui garde au cœur la déception que l’Église ne soit pas allée au bout du gué de la rénovation tant attendue. Mais je ne parlerai pas ici de cette déception.

Les SSF m ‘ont mobilisée à plusieurs reprises à Paris et Lille lors des journées annuelles et je suis lectrice quotidienne de « La Croix ». Je suis aussi une ancienne pédiatre et pédopsychiatre qui a soutenu et agi, au cours des trente glorieuses et après, dans les courants porteurs de l’intérêt tourné vers l’enfance maltraitée, les jeunes, la santé publique.

Je suis actuellement l’aînée d’une famille nombreuse de quatre générations bien vivantes.

Au nom de tout cela, je souhaite adresser deux remarques au sujet des thèmes proposés. Le confinement récent a contribué à mettre en lumière deux populations qui me sont proches au quotidien : les plus jeunes et les seniors.

Le souci de l’enfance est la priorité pour une vie humaine bonne, depuis le début du XXème ; ce qui est très différent des siècles antérieurs. Plusieurs générations de Psy l’ont affirmé, expliqué. Leur parole a été encensée.La société a façonné quelques bonnes dispositions légales, mais qui sont encore insuffisamment appliquées.

Pourquoi y a- t-il toujours autant de mères seules pour élever un, deux ou plusieurs enfants ?

Pourquoi y a t’il aussi peu de moments familiaux et autres dédiés à responsabiliser les jeunes impatients de jouer à faire l’amour, sur les suites de l’impulsivité d’un « cœur à corps », incertain affectivement, en dépit des moyens contraceptifs disponibles. Lorsqu’une relation durable s’établit pourquoi ne parler que de partenaire sexuel génital sans se demander s’il peut être aussi un « autre » capable d’assumer un rôle conjugal, familial, sociétal. Pourquoi parler si peu souvent de fidélité, est-ce encore utile pour chaque partenaire concerné et pour la société ?

L’École est une institution problématique pour certains et privilégiée pour d’autres. Elle est le lieu d’apprentissage social, intellectuel, comportemental. Elle nécessite les meilleurs maîtres. Ce qui requiert pour ceux-là une formation longue sur plusieurs années cohérentes, dédiées au développent de l’enfant et du jeune, sans être une addition d’années universitaires disparates.

Cet enfant – élève est à considérer comme un tout dans son parcours de vie personnel, socio – familial avec les aléas évènementiels. Cela entraîne obligatoirement une rémunération d’un niveau d’études supérieures, entraînant le titre de Professeur.

Le temps des seniors s’allonge de plus en plus, au-delà des 80 – 90 ans, dans un état de santé global relativement favorable pour beaucoup. Avant cet âge les retraités actifs ont fait vivre, pendant une vingtaine d’années de leur retraite, les Conseils d’Administration de nombreuses associations.

Au- delà des 70 -80 ans, suivant l’état de chacun, la tendance inconsciente des actifs de la société est grande de les infantiliser. Les uns et les autres des vieillissants peuvent se sentir bien d’être l’objet de l’attention d’une société aux petits soins pour eux, attentive, soignante, offrant loisirs et culture.

Mais dans leur dernière séquence de vie, ils sont capables d’éprouver le besoin qu’on leur demande quelque chose. Malgré une mémoire partiellement défaillante, ils maillent ou tissent la mémoire collective de ce qui fera la grande histoire dont la compréhension se reconstruit sans cesse ou presque tous les quarts de siècle.

Il s’y ajoute surtout le partage, toujours actuel pour eux, de l’écho de leurs émotions passées dont les plus jeunes sont si friands. Nous sommes les mêmes et cependant différents. Jeunes et moins jeunes, nous contribuons dans ces échanges à affermir nos personnalités façonnables à tout âge.

Les plus âgés peuvent encore « donner », avec joie.

J’exprime mes souhaits de ne pas rester en dehors d’une révision de « sortie de crise » souhaitée par bon nombre d’entre–nous.

Lundi de Pentecôte, 1er juin 2020

MTVL

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