Imaginer et concevoir à partir de Laudato Si’

Dimanche 4 Octobre 2015 – Religions et cultures, ressources pour imaginer le monde – 90ème session.

Avec Geneviève Gimelle et Marcel Le Hir, membres de la fraternité de la Pierre d’Angle, Véronique Fayet, présidente du Secours Catholique, Bernard Pinaud, délégué général du CCFD-Terre Solidaire, Nayla Tabbara, co-fondatrice de la fondation Adyan, Anne Duthilleul, membre des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens (EDC), Cécile Renouard, directrice du programme de recherche CODEV de l’ESSEC et Gilles Vermot-Desroches, président des Scouts et Guides de France. Présidente de séance : Elena Lasida, docteur en économie et en théologie

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Elena Lasida : Durant ces trois jours, nous avons dessiné ce monde à venir, cette civilisation nouvelle que nous espérons. C’est le moment de commencer à la construire. Comment faire ? Nous n’allons pas vous présenter un plan d’action, un modèle alternatif ou une solution miracle, mais vous inviter à l’imagination et à la créativité. Nos invités portent des actions bien différentes mais partagent un message commun : c’est aujourd’hui le moment opportun pour aider le nouveau monde à jaillir. Nous avons organisé cette table ronde comme un feu d’artifice où les mots prendront la place des feux car les mots de nos invités ont des couleurs différentes. Nous leur avons demandé de choisir une phrase de l’encyclique qui les aura plus particulièrement touchés ou interpellés, d’expliciter ce choix et de proposer une action concrète en lien avec cette phrase. Dans un deuxième temps, je leur demanderai de réagir à la parole d’un autre invité, comme amorce d’un dialogue à poursuivre. Je vous invite à entendre et à recevoir leurs paroles comme des étincelles d’éternité. Les mots sont des étincelles car ils sont éphémères, insaisissables, intangibles, mais leurs mots sont des mots d’éternité car il y a de la vie vécue, arrachée, traversée. Et qu’est-ce que l’éternité si ce n’est l’envie de vivre ?

Geneviève Gimelle et Marcel Le Hir, vous avez vécu la pauvreté et vous êtes ici les porte-parole d’un texte élaboré collectivement.

Geneviève Gimelle : Marcel et moi, nous représentons la fraternité de La Pierre d’Angle. C’est une fraternité entre des personnes du Quart Monde et d’autres qui les rejoignent. Cette fraternité rassemble 18 groupes en France autour de la personne de Jésus et à partir de la spiritualité du père Joseph Wresinski. Nous nous sommes réunis à quelques-uns pour réfléchir au thème de cette rencontre. Et voici notre texte collectif, rédigé en reprenant simplement ce que nous avions dit. La phrase du pape François que nous avons retenue est la suivante : « Paix, justice et sauvegarde de la création sont trois thèmes absolument liés », et le pape continue au paragraphe suivant : « Toute approche écologique doit incorporer une perspective sociale qui prenne en compte les droits fondamentaux des plus défavorisés. » (§ 92 et 93)

Marcel Le Hir : L’écologie nous rappelle que nous n’avons qu’une seule terre, que tous les hommes sont égaux et que nous vivons ensemble. Tout est lié : l’être humain et la terre. Paix, justice et sauvegarde de la nature doivent être pensées ensemble. Si on préserve la dignité de tout homme, la nature sera aussi naturellement préservée. Car, comme le dit le pape, il n’y a pas deux crises séparées : une crise de l’environnement et une crise sociale. Tout est lié. Si on n’entend pas la voix des plus exclus pour faire avancer la société, on restera sur des positions qui seront toujours les mêmes. On suivra toujours les idées des mêmes personnes. Il ne faut pas oublier que les plus pauvres doivent avancer avec tout le monde. On ne peut pas penser à l’écologie sans la penser avec tout le monde, sans être ensemble pour pouvoir réfléchir et discuter des choses importantes. À cause de leur expérience de vie, les plus pauvres ont des idées que les autres n’ont pas.

Par exemple, il faut faire attention de ne pas monter des pauvres contre d’autres pauvres. Il faut considérer tout le monde. Des personnes de notre quartier qui sont dans des situations de logement terribles, quand elles ont entendu ce qui se passait en ce moment au sujet des réfugiés, elles ont dit : « Nous, on va encore passer en dernier. » On est dans un monde où tout est lié. Comment va-t-on faire pour garder une solidarité vraiment entre tout le monde ? On ne peut s’en sortir que tous ensemble, et que par le partage : l’argent doit se mettre au service de tous et pas seulement au service de l’argent.

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