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Dossier La Tribune du Christianisme social
Il y a une semaine, des terroristes des Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas palestinien, s’infiltraient en Israël et assassinaient des Israéliens, de tous âges, de toutes conditions, des vieillards et des enfants, des jeunes faisant la fête au cours d’une rave-party, des membres de kibboutz saisis dans leur sommeil, ces kibboutz où vivent depuis des décennies des artisans de la paix. Aux meurtres (1 300 victimes, civiles pour la plupart), les terroristes ont ajouté l’enlèvement de 120 personnes, elles-mêmes de tous âges et de différentes nationalités.
Pour répondre à cette attaque inédite, impensable pour un Etat ayant fait de sa sécurité un axe politique prioritaire, Israël riposte. Déjà plus de 2 200 morts, dont de nombreux enfants, ont été recensés dans la bande de Gaza ; un blocus prive d’eau et d’électricité les habitants de ce petit territoire où vivent dans une grande pauvreté deux millions de personnes, dont 700 000 dans la seule ville de Gaza. Israël appelle les habitants à évacuer la partie Nord de ce petit territoire avant une action militaire d’envergure. Les annonces de deux camps se succèdent : Israël déclare avoir éliminé deux importants chefs du Hamas dont celui qui aurait coordonné les opérations du vendredi 6 octobre. Le Hamas assure que neuf otages seraient morts sous les bombardements israéliens. Car, à la vraie guerre, se mêle aussi les enjeux de communication.
Après la condamnation de la barbarie des terroristes du Hamas, et le soutien aux Israéliens éprouvés, naît l’inquiétude pour une population palestinienne, elle-même sous la pression autoritaire du Hamas. Beaucoup souhaitent que l’armée israélienne, malgré le soutien de sa population, retienne son bras. « Même la guerre a ses règles », a rappelé le secrétaire général de l’Onu, Antonio Gutteres. Cette inquiétude ne tient pas seulement au sort des habitants de Gaza, mais aussi aux risques d’embrasement dans la région, le Hezbollah libanais, et derrière lui l’Iran, étant tentés d’ouvrir un autre front contre Israël.
L’escalade est terrifiante. Comme les précédentes, et quelle que soit l’issue de ce drame sanglant, il nourrira pour longtemps la colère, la frustration et le désir de vengeance des Israéliens comme des Palestiniens, mais aussi de ceux, musulmans qui, dans nos pays occidentaux, se radicalisent, au nom d’un islam fondamentaliste : ils font de cette actualité, relayée sans contrôle sur les réseaux sociaux, un éternel prétexte à agir. Est-ce la motivation du jeune homme qui, le 13 octobre, a assassiné un professeur dans un lycée d’Arras et blessé plusieurs autres personnes ?
De loin, de trop loin sans doute, la communauté internationale semblait détourner les yeux, pensant le conflit « gelé ». Elle le savait non réglé – les accords d’Oslo, laissant espérer la coexistence de deux Etats, semblent relégués aux oubliettes de l’Histoire -, mais au moins contenu, étouffé. Erreur trop souvent commise (l’Ukraine ou l’Arménie en sont d’autres exemples), quand on jette un voile d’indifférence sur la réalité et qu’on ne s’investit pas assez dans la recherche de solutions diplomatiques justes et durables. Etats-Unis, Arabie saoudite, Egypte, Quatar sont aujourd’hui à la manœuvre. Qu’en est-il de l’Europe ? Mais la responsabilité des dirigeants palestiniens comme israéliens ne peut être ignorée. Parce qu’au bout du compte, ce sont les peuples dont ils ont la charge qui paient le prix fort de leurs choix, ou de leurs non-choix, politiques.
Dominique Quinio
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