Un monde plus humain : une bonne affaire !

C’est une opinion assez couramment répandue : il y aurait d’un côté les humanistes, plein de belles intentions mais pêchant par excès d’idéalisme, et de l’autre les pragmatiques, qui auraient des projets certes moins enthousiasmants, mais avec l’avantage d’intégrer le principe de réalité. Bien sûr, les deux seraient incompatibles. Ce qui est une façon d’écarter d’emblée toute visée utopique. Avec cette façon de poser le problème, l’avènement d’un monde plus juste devient une chimère lointaine, car ce monde-là demande justement de promouvoir des idées en faveur du bien commun mais qui soient en même temps transformables en action réelles.

Une publication récente montre que cette opposition n’est pas toujours vraie, et que dans certains cas, la promotion d’un monde plus humain est en même temps la solution la plus pragmatique et la plus efficace, y compris sur un plan strictement financier. De quoi s’agit-il ? En effet, une recherche publiée par American Journal of Clinical Nutrition a évalué le coût économique de la malnutrition imposée aux enfants des pays en voie de développement (c’est à dire des conditions de vie qui induisent un développement physique sous la moyenne). Et il est colossal : 177 milliards de dollars chaque année! En effet, la malnutrition induit des problèmes de santé et réduit le développement cérébral dont on peut mesurer l’impact économique. En parallèle, ils ont aussi évalué ce que cela coûterait que de faire bénéficier ces enfants de conditions de vie plus décentes : le coût est inférieur à 100 dollars par enfant, soit environ 45 milliard de dollar « seulement » ! Le Professeur Gunther Fink, qui a coordonné l’étude, en conclut que si on investissait dans la lutte contre la malnutrition, le rapport «coût/bénéfice » serait donc de 3 :1. Comme quoi, l’intérêt économique ou le cynisme froid peut parfois rejoindre la cause humaniste. Dans ce cas, il faut donc diffuser ce genre de travaux, de sorte à encourager les décideurs à effectuer ce type d’ «investissement. ».

Catherine Belzung, membre du CA des SSF

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