Dans un contexte français et mondial morose voire anxiogène, il est bon de pouvoir constater des progrès et de belles initiatives : je veux parler ici d’octobre rose, le mois de lutte contre le cancer du sein.
Instaurée en 1985 aux Etats-Unis, cette campagne de sensibilisation au cancer du sein destinée à augmenter les dépistages et lever des fonds, prend de l’ampleur et développe son audience auprès du grand public. Pourquoi s’en réjouir ? Car parler des seins dans l’espace public, n’avait rien d’évident, tout comme parler d’autres parties intimes comme la prostate ou l’utérus. Les seins symbolisent la féminité, constituent dans l’imaginaire collectif une partie de la séduction d’une femme. Mettre le sein en valeur dans l’espace public, n’était pas gagné d’avance, dans nos sociétés traditionnellement patriarcales. Mais au fil des années, le ruban rose, imaginé par Evelyn Lauder aux Etats-Unis, s’est imposé comme le symbole affiché chaque octobre comme soutien à cette cause.
Or, le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme, et représente la première cause de décès par cancer. Selon la Ligue contre le cancer, une femme sur 8 sera touchée, (plus de 58 500 femmes chaque année en France, parmi lesquelles 12 000 décèdent, et plus de 2,2 millions de femmes dans le monde). Mais, dépisté tôt, le cancer a 90% de chances d’être guéri ! Derrière chacune de ces femmes touchées, il y a une famille, un mari ou une femme, des enfants, des parents, des neveux et nièces, des parents, qui seront éprouvés par la maladie, et qui risquent la perte d’une proche.
La bonne nouvelle, disais-je, est qu’aujourd’hui « Octobre rose » est devenu un rendez-vous citoyen incontournable dans de très nombreuses collectivités de toutes tailles. En octobre, des courses, des villages citoyens et d’information, des évènements de sensibilisation, sont organisés partout en France, et dans les médias. Des citoyens de tous âges et de toutes conditions sociales s’affichent sur les réseaux sociaux en couleur rose. Des écoliers, collégiens et lycéens participent aux évènements avec leurs classes, des femmes concernées prennent la parole et témoignent… bref, parler du cancer du sein et des enjeux de prévention est devenu banal, voire tendance, le tabou a sauté. Plus de honte à dire, j’ai un cancer, j’ai eu un cancer. Tout ceci, me semble-t-il, constitue une nouvelle encourageante. C’est toute la société, qui, à travers des évènements festifs, solidaires et citoyens, s’approprie cet enjeu majeur de santé publique, pour que, conjointement, le monde de la recherche et de la médecine puissent apporter des réponse plus pertinentes et appropriées.
Dans l’Evangile, Jésus envoie ses apôtres proclamer le règne de Dieu et guérir les malades (Luc, 9,2). Pour nous, chrétiens, contribuer à la guérison des malades, c’est aussi construire le règne de Dieu.
En conclusion, j’aimerais nous inviter à nous rendre personnellement et collectivement, toujours plus attentifs aux personnes malades, atteintes d’un cancer ou d’une autre maladie. Car la maladie fragilise et isole : on a peur de devenir un poids pour les autres. Qu’est-ce que nous faisons pour les personnes malades de notre entourage ? Comment les aider à garder leur place dans la société ? Sur un plan plus personnel, est-ce que je prends des nouvelles ? Est-ce que je propose mes services, pour des courses, des repas ? Est-ce que je prie pour eux ?
Finalement, tous ces événements autour d’octobre rose constituent, d’une certaine manière, une actualisation de la parole « J’étais malade, et vous m’avez visité » (Mt, 25, 36). En courant ou donnant pour la lutte contre le cancer du sein, en s’y intéressant, en en parlant, on se fait proche de celles qui en souffrent ; et cela, je crois, est une bonne nouvelle. Nous pouvons aussi faire des dons aux associations de recherche comme la fondation ARC ou les associations, nombreuses, qui accompagnent les femmes malades. On peut aussi s’engager comme bénévoles dans les aumôneries des hôpitaux, qui recherchent régulièrement des personnes pour visiter les malades.
Ensemble, faisons reculer le cancer et accompagnons toujours mieux ces femmes dans l’épreuve qu’elles traversent !
Alice Le Moal, administratrice des SSF