Fin de vie : lettre ouverte aux députés et sénateurs 04.06.2024
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Je trouve très intéressant d’organiser, en une matinée, comme un lever de rideau d’une réflexion de trois jours, deux conférences, celle du président Boissonnat qui a été une immense fresque nous aidant à réfléchir sur l’évolution de nos économies et de nos sociétés du travail, puis la mienne en complément, essayant de préciser certains points, de les quantifier, de donner quelques ordres de grandeur. Ces points, je les ai choisis en raison de la réflexion qu’ils pouvaient susciter.
Je pense en effet qu’il est utile pour la réflexion et peut-être pour l’action de prendre un peu de recul. Je me suis donc situé dans une perspective historique longue, partant non pas de l’Antiquité, mais d’un moment assez précis de l’économie française — en gros 1830, 1840, donc il y a cent soixante-dix ans. Pourquoi ce moment? Parce que c’est celui où le pays commence à s’industrialiser. Les historiens ne sont pas d’accord à quelques années près, mais ils le sont sur cette période de dix ans. Et d’ailleurs, c’est le moment où Guizot, premier ministre de l’époque, dit: « Enrichissez-vous. » Cela veut dire que la France décolle, et c’est également le moment — et cette concomitance est fondamentale, y compris pour la réflexion qui va suivre — où Guizot, qui est aussi ministre de l’Instruction publique, crée la première grande loi du pays, celle de 1833, sur l’éducation, et impose — c’est une prescience extraordinaire — qu’il y ait une école primaire dans toutes les communes. Autrement dit, durant cette décennie, le décollage économique du pays coïncide avec l’idée, de la part de l’élite politique, qu’il faut former la main-d’œuvre. Je ne dis pas que l’éducation ne sert qu’à former de la main-d’œuvre — et Guizot ne le disait pas. Il s’agissait d’essayer d’avoir tout un peuple formé et que ce soit concomitant avec le développement de ce peuple : c’était une intuition tout à fait extraordinaire.
Sur la période 1830-2000, soit cent soixante-dix ans, j’ai choisi cinq points que j’ai appelés « structurels ». Je les décrirai dans ce qui sera la première partie de mon exposé. Dans la deuxième partie, j’essaierai, à titre d’introduction de la discussion, de tirer de ces cinq points structurels quelques conséquences sur le travail aujourd’hui et son évolution possible. Je dis le travail pour faire bref, Mais je ne parlerai que du travail professionnel. Je ne parlerai pas du travail domestique, ni du travail ménager. Dire toujours « travail professionnel », c’est peut-être un peu long. C’est pourquoi quand je dirai travail, cela voudra dire travail professionnel.
Retrouvez la suite de l’intervention de Claude Thélot sur le document PDF
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