Fin de vie : lettre ouverte aux députés et sénateurs 04.06.2024
Réfléchir et débattre sur les grandes questions sociales et sociétales dans le contexte européen.
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Chaque semaine, un regard différent sur l'actualité.
Régulièrement les Semaines sociales de France proposent un voyage apprenant principalement au cœur des institutions européennes pour comprendre, échanger ensemble et avec les députés européens mais également en France dans des quartiers.
Les principes de la pensée sociale de l'Église sont tous orientés vers le respect et la promotion de la dignité humaine. La dignité procède du fait que toute personne est créée à l'image de Dieu et qu'elle est appelée au salut.
La plateforme met en avant les initiatives de terrain en relation avec la pensée sociale chrétienne. Ces témoignages alimentent vos réflexions et vous donnent envie de vous engager pour dupliquer autour de vous ces actions ? Contribuez vous aussi la plateforme. Partagez vos initiatives via via plateformedubiencommun@ssf-fr.org
Dossier Rencontres anuelles
Tu entres, à vingt ans, dans un nouveau siècle qui est déjà une société nouvelle. C’est une chance et c’est une charge. Voici un message transmis de générations en générations, depuis deux mille ans, par des chrétiens qui en portent témoignages.
Le message, c’est d’abord le messager : ce Jésus dont nous parle l’Evangile. Il est Dieu pour nous, mais homme aussi, pleinement, partageant totalement notre condition humaine. Celle-ci a donc, dans tous ses aspects, une dimension sacrée. Notre engagement dans la société n’est pas facultatif. Dieu a fait l’homme, social. Il l’a fait homme et femme. Il nous a créés frères. Il nous a voulu à son image, c’est à dire aimants, or il n’y a d’amour que dans la reconnaissance des autres et par les autres. Il nous a confié le soin de gérer la nature. Le chrétien ne peut pas être seulement un témoin. Il prie et il agit. Un homme sur quatre, aujourd’hui, serait chrétien. Alors, pourquoi tant de désarroi, tant de conflits, tant d’exclus ?
Nous ne pouvons pas prendre prétexte des insuffisances de la société, des déceptions dans l’engagement, pour vivre en retrait du monde ou simplement supporter ses contraintes sans prétendre rien y changer. Si Jésus a soigneusement distingué religion et politique, comme s’il avait pressenti les confusions et les abus que nous avons commis à travers les siècles, ce n’est pas pour nous exempter d’agir dans la société. C’est pour nous enseigner à le faire autrement.
Nous avons traversé la « chrétienté » comme une transition malaisée entre des sociétés païennes dans lesquelles les princes étaient par définition des dieux, et des sociétés modernes qui refusent aux religions le pouvoir de faire la loi.Nous voici en charge d’inventer des formes nouvelles de la présence des chrétiens dans la vie sociale. Après la laïcité-combat, puis la laïcité-neutralité, nous devons faire vivre une laïcité-dialogue. Nous n’enrichissons cette société que si nous y sommes présents avec toute notre foi chrétienne.
Il est vrai que beaucoup ont réévalué à la baisse les prétentions des révolutions, des réformes de structure et des actions institutionnelles. Mais ce n’est pas parce que le syndicalisme n’a pas fait disparaître toute forme d’exploitation, parce que la Sécurité Sociale n’a pas empêché de nouvelles exclusions, parce que le suffrage universel n’a pas toujours garanti le respect des droits de l’homme, qu’il faut mépriser les acquis du progrès social et de la démocratie politique. Rien de tout cela n’est d’ailleurs irréversible. Pour un instant de lacheté ou d’inconséquence, tout peut être compromis. L’un des peuples les plus cultivés d’Europe a élu Hitler. La nation des Droits de l’Homme a accepté Vichy.
Dans ce nouveau siècle, les jeunes ne manquent pas de chantiers. Le travail est à réinventer, dans un nouvel équilibre avec la famille, la formation, l’action sociale et les loisirs. L’économie de marché cherche des régulateurs. Il va falloir placer le pouvoir politique aux dimensions des problèmes qu’il doit résoudre, c’est-à-dire souvent au-delà des frontières nationales. La famille est à reconstruire dans une société qui la réduit à l’harmonie passagère d’un couple. Le mystère divin de la vie est à protéger contre ceux qui s’autorisent, au nom de la science, à la manipuler. La nature est à soigner contre ceux qui l’épuisent sans ménagement.
Dans toutes ces actions, le fil conducteur sera l’attention privilégiée aux pauvres. Pauvres en argent, mais aussi en affectation, en savoir, en convictions.
La politique ne sera pas l’exutoire de nos amertumes mais le lieu du débat général où se forge une volonté collective.
La tendance naturelle de l’humanité est à fabriquer de faux dieux : jadis la terre, la lune, le soleil ; dans le monde moderne, le pouvoir, l’argent, le sexe. En proclamant que Dieu est seul Dieux, qu’il l’est en Jésus-Christ, nous libérons la société des idoles auxquelles elle s’est asservie, y compris ce déisme de confort dont elle se berce volontiers aujourd’hui.
Si tu te réclames de l’Église, sache qu’elle aura plus particulièrement besoin de toi. Que ce nouveau siècle ne passe pas sans qu’elle se réunifie autour de son fondateur. Qu’elle guide le peuple chrétien, attentive à ses attentes et à ses peines, lucide et compatissante pour ses fautes, joyeuse de ses élans, confiante en ses initiatives.
En fin de compte, c’est la richesse de la vie spirituelle, de la tienne aussi, que dépendra la fécondité – souvent cachée – de toute ta vie. Un poète a dit: « Dieu a créé le monde, comme la mer a créé la terre, en se retirant » (Hölderlin). A toi d’agir. Mets le cap de ta liberté sur la vérité. Tu ne la connaîtras jamais parfaitement. Tu n’iras pas seul. Tu trébucheras. Mais, à terme, c’est la vérité qui épanouira ta liberté dans la charité.
Le chrétien n’est pas seulement un homme qui croit en Dieu. C’est aussi quelqu’un qui sait que Dieu croit en l’homme.
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