Fin de vie : lettre ouverte aux députés et sénateurs 04.06.2024
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Dossier Rencontres anuelles
A chaque naissance s’ouvre un nouveau pari sur l’avenir
À chaque naissance, le champ des possibles est ouvert. L’enfant qui arrive peut devenir un adulte accompli, capable d’amour et de responsabilité. Mais Itard nous a rapporté comment un enfant peut rester dans un état sauvage quand il a été privé de l’environnement humain nécessaire à son développement.. Entre Victor, l’enfant-sauvage de l’Aveyron et un jeune, équilibré, capable d’autonomie, d’initiative et de responsabilité, des quantités de configurations intermédiaires sont possibles.
Ce qui fera la différence, c’est le lent et patient travail d’éducation, les soins physiques et psychiques dont sera entouré l’enfant qui arrive et que lui donneront sa mère d’abord, le groupe familial ensuite… Si pour une raison ou une autre les premiers acteurs essentiels dans la vie de l’enfant ont été défaillants, c’est vers la société que se retournera l’enfant qui grandit en demandant à sa manière qu’on lui restitue ce qui lui a manqué et ce auquel il avait droit.
Les étapes s’enchaînent : de la mère à la famille, puis à l’école puis à la société tout entière. Chaque étape bien vécue prépare harmonieusement la suivante…
Mais chaque étape non réalisée au moment où elle aurait dû avoir lieu devra obligatoirement être reprise par la suivante. S’il y a eu une défaillance en amont l’enfant cherchera plus tard et ailleurs le cadre qui lui a manqué.
Pour se développer harmonieusement, un bébé a besoin de deux choses essentielles : l’amour de sa mère d’abord (sauf si elles sont tendues et gravement angoissées, toutes les mères sont naturellement de bonnes mères); la confiance de ses parents en eux-mêmes pour le faire grandir et lui créer un cadre assez sécurisant, protecteur dans lequel il pourra se développer, à l’abri de ses propres désirs de destruction, en faisant ses expériences avec le monde qui l’entoure.
À quoi ressemble un enfant normal ? Il ne se contente pas de manger, grandir et sourire gentiment. Un enfant normal, s’il a confiance dans son père et dans sa mère, essaie tout. Tous les enfants ont envie de tester leur pouvoir sur le monde le petit enfant essaie à fond son pouvoir de briser, de détruire, de faire peur, d’user, de gaspiller, de soutirer et d’usurper. Tout ce qui mène les gens devant le tribunal ou à l’hôpital psychiatrique a son équivalent dans la relation de l’enfant à sa famille pendant l’enfance et la première enfance. Si la famille peut résister à tous les efforts de l’enfant pour la briser, l’enfant se met alors à jouer. Le premier travail de l’enfant est une mise à l’épreuve de la stabilité du cadre parental et familial. Au début, l’enfant a besoin d’être conscient d’un cadre. Il a absolument besoin de vivre dans un cercle d’amour et de fermeté pour ne pas trop craindre son imagination et ses propres pensées de destruction…
Mais tout cela, vous tous qui êtes ici, vous le savez bien et je n’ai sûrement rien à vous apprendre sur le sujet. Ce dont j’ai envie de vous parler, c’est de notre responsabilité éducative collective quand, pour une raison ou pour une autre, le premier environnement de l’enfant n’a pas été suffisamment bon, suffisamment fort, pour lui permettre de grandir harmonieusement.
Dans les quartiers comme celui dans lequel je vis, il y a bien des raisons pour que cela ne marche pas tout à fait aussi bien que dans les livres:
– quand les mères sont dépressives, parce qu’elles sont parfois perdues dans un environnement incompréhensible pour elles, quand elles sont récemment arrivées d’Afrique ou d’ailleurs par exemple ;
– quand les pères ont perdu toute confiance en eux-mêmes avec l’expérience du chômage qui les détruit ;
– quand les familles éclatent sous la violence des problèmes trop difficiles à gérer ;
– quand un grand frère délinquant sert de modèle à un plus jeune qui a besoin de reconnaissance…
– quand le milieu environnant est si agressif qu’il force au repli ou aux réponses violentes…
– quand les parents sont tellement perdus dans la société française que les enfants deviennent les parents de leurs parents, se débrouillant à leur place dans les administrations, signant pour eux les bulletins de notes, décidant trop tôt et sans leurs parents de leur propre avenir, ne sachant plus ce qu’est un enfant et ce qu’est un adulte…
– quand les parents eux-mêmes n’ont pas eu l’amour nécessaire dans leur enfance et qu’ils ne peuvent transmettre ce qu’ils n’ont pas reçu…
Souvent, au milieu de tout cela, les enfants grandissent comme ils peuvent, frustrés de l’essentiel: l’amour solide de leurs parents dans un cadre suffisamment sécurisant.
Si l’enfant découvre que le cadre de sa vie est brisé, il ne se sent plus libre. Il devient angoissé et, s’il espère encore, il se met à rechercher un autre cadre que celui de sa famille. Il recherche une stabilité extérieure sans laquelle il se peut qu’il devienne fou.
Ces enfants en carence manifestent leur difficulté par toutes sortes de symptômes tels que:
– de l’agressivité à l’égard de leurs camarades ou des adultes;
– une tendance compulsive à voler;
– le besoin de détruire;
– un comportement dictatorial;
– une incapacité à travailler ou même à jouer.
Tous ces symptômes sont très difficiles à supporter par l’environnement que ce soit par les membres de la famille eux-mêmes, les voisins dans la cage d’escalier, les professeurs et les autres élèves dans la classe, les enfants dans la cour de récréation….
Pourtant, la présence de ces symptômes prouve qu’il y a encore de l’espoir pour cet enfant et qu’il recherche ce qui lui manque… Il y met d’autant plus de fureur qu’il a davantage d’espoir.
Nous ne pouvons pas nous contenter, devant ce qui paraît à beaucoup comme un déferlement de violence incompréhensible, de dire « c’est la faute aux parents ». Les culpabiliser davantage ne fera que leur faire perdre un peu plus la confiance en eux-mêmes qui fait déjà cruellement défaut.
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