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Dossier La Tribune du Christianisme social
Hasard du calendrier : se déroulaient cette semaine deux événements dont des lycéens étaient des héros. Le premier, à Rennes, rassemblait des apprentis journalistes de trois établissements scolaires de la région ; ils représentaient le tiercé gagnant du Prix des journaux lycéens, à la suite du concours annuel organisé par le groupe Sipa-Ouest-France, achèvement d’un accompagnement au long cours pour la réalisation de journaux lycéens.
Le thème du concours, cette année, portait sur l’élection présidentielle. Rapport de la jeunesse avec la politique, risques d’abstention, différences des modes de scrutin, éventuel abaissement de l’âge du vote, nouveaux moyens de s’informer, enquêtes réalisées auprès des jeunes de leur lycée, lettres au futur président de la République, défense des droits des femmes, attention à l’environnement, à l’éducation… la variété des sujets et des analyses était au rendez-vous. La mise en page était parfois désordonnée, ou les titres à revoir, on pouvait noter quelques maladresses d’écriture, mais les auteurs s’étaient donné du mal, avaient creusé les angles, s’étaient informés (en n’oubliant pas de citer leurs sources), avaient étudié les programmes des candidats. Pour certains, qui allaient voter pour la première fois, ce fut indéniablement une excellente préparation. Des enseignants passionnés avaient accompagné leur travail, leurs recherches, se faisant un devoir de leur enseigner à devenir des lecteurs critiques, des citoyens lecteurs, des lecteurs citoyens.
Le lendemain, à Paris, se tenait la Journée des lycéens organisée chaque année depuis près de 20 ans par le Comité consultatif national d’éthique. Il s’agit pour des classes venues de toute la France de présenter, devant des membres du CCNE et en dialogue avec eux, les résultats d’une année de travail sur un thème choisi par eux. Il fut question, cette année, de la fin de vie. Rude sujet ! Ils avaient 20 minutes pour présenter leurs travaux, leurs réflexions, puis s’engageait un débat. Sur un même thème, les angles d’approche furent différents : on parla des directives anticipées qui, selon la loi, permettent aux personnes de préciser leurs souhaits pour la fin de leur vie ; il y eut des réflexions sur le poids des religions dans un tel débat ; on fit un détour par les législations d’autres pays, par le cinéma, par des sondages réalisés à l’intérieur des établissements ou dans une ville ; un lycée fit le choix de s’intéresser aux sans abri qui meurent dans la rue et dont la vie ne préoccupe pas grand-monde. La variété des angles, les recherches approfondies de ces élèves de terminale ou de classes prépas soulignaient, là aussi, l’investissement des enseignants qui les avaient accompagnés : professeurs de philosophie, de sciences de la vie et de la terre, d’anglais.
Certaines classes exprimèrent une position en faveur d’une évolution de la loi ; d’autres en restèrent aux interrogations. Mais toutes et tous ont mesuré la complexité du sujet et l’impossibilité de simplement répondre par oui ou par non à une question comme la légalisation de l’euthanasie ou de l’assistance au suicide.
Apprentis-journalistes de l’Ouest ou apprentis-philosophes-éthiciens de toute la France, soutenus par des éducateurs engagés, ils sont allés au-delà des idées toutes faites, des a priori et des simplismes. Que ce soit en matière d’engagement politique ou sur les graves questions de vie et de mort, ils se sont affirmés comme des citoyens curieux et éclairés. Belle leçon d’éducation !
Dominique Quinio, présidente des Semaines sociales de France
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