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Les principes de la pensée sociale de l'Église sont tous orientés vers le respect et la promotion de la dignité humaine. La dignité procède du fait que toute personne est créée à l'image de Dieu et qu'elle est appelée au salut.
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Dossier La Tribune du Christianisme social
Au printemps dernier, le pape François créait donc, dépendant de ce dicastère, une commission Covid-19 afin de travailler sur la pandémie. La commission vient de publier, le 29 décembre, en collaboration avec l’Académie pontificale pour la vie, une note en 20 points sur les enjeux éthiques du vaccin. Quelques semaines auparavant, la Congrégation pour la doctrine de la foi avait tenu à souligner la licéïté, la moralité, du recours aux vaccins, même quand les laboratoires ont utilisé au cours de leurs recherches des lignées cellulaires issues de fœtus avortés, au regard des très nombreuses vies sauvées par la vaccination.
La présente note insiste sur la responsabilité morale de se faire vacciner, pour sa santé personnelle et pour la santé publique. Mais surtout, relayant le message urbi et orbi de Noël, elle vise à appeler les dirigeants mondiaux, tandis que commençaient les premières campagnes de vaccinations, à résister à « un nationalisme des vaccins » ; elle plaide pour des accords entre Etats, entreprises pharmaceutiques et organisations internationales comme l’OMS, sur les prix afin qu’ils soient « abordables », sur les conditions de fabrication et de distribution.
La lutte contre la pandémie, insiste la note, met en jeu tous les principes de l’enseignement social de l’Eglise pour que le vaccin soit accessible et disponible pour tous : la dignité humaine, l’option préférentielle pour les pauvres, la justice, le bien commun et la destination universelle des biens.
S’inscrit dans cette réflexion la question des brevets. Même si la recherche et les risques pris par les entreprises doivent être rémunérés, le Vatican considère que le vaccin n’est pas un bien comme un autre ; il est un bien commun, un « bien public », selon les mots de la présidente de la commission européenne Ursula Von der Leyen.
La réalité, pour l’heure, ne répond pas à ces aspirations. Il semble que les pays pauvres ne pourront avoir accès au vaccin qu’en 2022, au plus tôt. La question ne dépend pas d’ailleurs seulement de l’achat des doses nécessaires, mais de la capacité des systèmes de santé à les conserver, à les administrer (L’Eglise, sur ce point, propose de se mettre au service des campagnes de vaccination). Si l’Afrique, hors l’Afrique du sud, ne semble pas pour l’instant très impactée par la pandémie (au moins sur le plan sanitaire), les pays d’Amérique du Sud sont, eux, très touchés. L’urgence y est grande.
Des mécanismes internationaux ont été créés afin d’aider les pays à agir collectivement, en matière d’accès aux vaccins. Ainsi, le Gavi, l’Alliance globale pour les vaccins, a été créée il y a 20 ans et, pour la pandémie actuelle, le Covax, créé par l’OMS, et qu’ont rejoint la plupart des pays sauf les Etats-Unis et la Russie : cette centrale d’achats internationale pourrait ainsi acquérir à des prix négociés, d’ici à la fin de l’année 2021, 2 milliards de doses. Mais des Etats, comme l’Union européenne, préfèrent traiter en direct avec les industriels, pour être servis plus tôt et plus largement, sans la transparence souhaitable en la matière. Ces pays en outre, plutôt que d’accepter la suspension de la propriété intellectuelle, qu’ont demandé, derrière l’Inde, une centaine de pays, préfèrent faire don des quantités nécessaires aux pays qui en auraient besoin, sans renoncer aux brevets, dans une relation de dépendance qui n’est guère satisfaisante.
Dans les débats franco-français autour du plan de vaccination, dans le climat de défiance entourant les vaccins, ce regard hors de nos frontières occidentales devrait nous inspirer plus d’humilité et de simplicité. Et nous aider à peser notre responsabilité propre dans les choix à faire entre « santé personnelle » et « santé publique ».
Dominique Quinio, Présidente des Semaines sociales de France
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