Le mois des aidants se termine, soyons attentifs aux aidants…

La journée nationale des Aidants a fêté sa dixième édition le 6 octobre dernier. Pendant un mois, les professionnels du secteur, les associations, les collectivités, ont multiplié les initiatives pour parler d’un sujet encore trop méconnu.

Un aidant, une aidante, est celui ou celle qui vient en aide à un proche malade, en situation de handicap ou en perte d’autonomie. Aujourd’hui, 11 millions de personnes sont concernées en France, soit 1 personne sur 6. On estime à 11% le nombre de jeunes aidants, environ 500 000 jeunes de moins de 25 ans. Selon l’association européenne de représentation des aidants, Eurocarers, 80% des soins en Europe sont assurés à domicile par des membres de la famille ou des amis. Cela souligne le rôle essentiel des aidants aux côtés des professionnels médico-sociaux.

Concrètement, selon une enquête IPSOS, 80% des aidants soutiennent un membre de leur famille, 62% sont des actifs, 58% sont des femmes, 64% ont des troubles du sommeil et 74% sont stressés, culpabilisés, épuisés. Mais les aidants ne sont pas tous conscients qu’ils le sont, et se mettent souvent en difficulté : en prenant moins soin d’eux-mêmes et de leur santé, en étant isolés, en rencontrant des difficultés à conjuguer vie personnelle et professionnelle. Trois quarts des aidants expriment un besoin de répit.

Ils se mettent en situation d’aidants par amour pour un de leurs proches. Dès lors, les aidants s’engagent dans une course de fond, sans savoir quand celle-ci va s’arrêter. Cette course peut durer de longues années, et lorsqu’on s’engage dans un effort intense, il faut pouvoir souffler, respirer, se reposer de temps en temps, sinon on court le risque de ne pas atteindre la ligne d’arrivée. Pour une personne qui aide un proche, pouvoir se reposer, sans culpabiliser, c’est important.

Hier invisibles, les aidants sont désormais mieux pris en considération par les pouvoirs publics et au sein de la société. Un « plan aidant » mis en place depuis 2019 et comprenant notamment le congé proches aidants, qui permet à chaque aidant de bénéficier de plusieurs mois de congés en soutien à leur proche. Les aidants sont également mieux représentés dans les instances de décisions, départementales en particulier. Un numéro unique de soutien (0 800 360 360) à été mis en place en lien avec la CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie).

Il reste cependant de nombreuses étapes à franchir pour qu’ils trouvent pleinement leur place.

En effet, selon une étude réalisée par le collectif « Je t’Aide », durant le premier confinement, 55% d’entre eux ont effectué des actes habituellement pratiqués par des professionnels. Car de nombreuses structures de prise en charge avaient fermé leurs portes. Et ils ont fait tout cela sans cesser de télétravailler, de s’occuper de leurs enfants, d’entretenir leur logement. Il est important que les aidants soient pleinement reconnus dans ce qu’ils sont et ce qu’ils font pour leurs proches… et aidés.

Être aidant d’un proche nous renvoie quotidiennement à la fragilité : fragilité de la personne que l’on aide, et notre propre fragilité. Fragilité du corps, fragilité de l’âme. Si parfois nous sommes encore dans la force de l’âge et en pleine santé, accompagner au quotidien une personne fragile nous projette dans un futur que, parfois, nous souhaiterions éviter, qui nous fait peur.

Notre conviction de chrétiens est que c’est dans nos fragilités, et dans celles du proche aidé, que le Christ vient nous rejoindre ;

J’aime la citation de Michel Audiard : « Heureux les fêlés, ils laissent passer la lumière ».

« J’étais malade, et vous m’avez visité ; » Être aidant, c’est aller visiter une personne fragile en permanence, c’est aussi un rendez-vous avec le Christ, d’une certaine manière.

Entreprises, pouvoirs publics, associations, collectivités, tous les pans de la société s’emparent du sujet, c’est tant mieux. L’Église n’est pas en reste. De nombreux diocèses proposent des journées, mettent en place des personnes ressources, ou encore dans le cadre de la pastorale de la santé, vont rencontrer des personnes en situation de fragilité.

Mais chacun d’entre nous, que nous soyons en première ou seconde ligne, devons nous sentir concernés, et nous rendre attentifs, dans notre entourage immédiat, aux personnes qui vivent ces situations. Comment je peux aider un voisin, un enfant, qui est aidant ? Comment je peux lui proposer un peu de répit, ne fut-ce que quelques heures ? Une attention particulière, un repas, un coup de fil pour prendre des nouvelles ? Comment je peux accueillir les difficultés qu’il ou elle rencontre, dans la simplicité ?

On peut, aussi, collectivement, se former (il existe beaucoup de formations en ligne), aller à la rencontre des nombreux collectifs d’aidants existants, se rapprocher de la pastorale de la santé de notre diocèse, organiser des conférences et méditations dans les antennes locales.

Le mois des aidants est terminé, mais ensemble, restons attentifs aux aidants !

Alice Le Moal, conseillère départementale des Hauts-de-Seine, membre du Conseil d’administration des SSF

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