Discours d’Astrid Panosyan-Bouvet, Ministre du Travail et de l’Emploi
Réfléchir et débattre sur les grandes questions sociales et sociétales dans le contexte européen.
Garantissons à tous l’accès aux soins palliatifs avant d’envisager une aide active à mourir
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Régulièrement les Semaines sociales de France proposent un voyage apprenant principalement au cœur des institutions européennes pour comprendre, échanger ensemble et avec les députés européens mais également en France dans des quartiers.
Les principes de la pensée sociale de l'Église sont tous orientés vers le respect et la promotion de la dignité humaine. La dignité procède du fait que toute personne est créée à l'image de Dieu et qu'elle est appelée au salut.
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Dossier La Tribune du Christianisme social
Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France (CEF) vient de nous apporter, le 28 mars, une bouffée d’oxygène, loin des conclusions de la Convention citoyenne sur la fin de vie, formulées le 2 avril et ouvrant sur un nécessaire changement législatif pour une aide active à mourir.
Que nous disent les évêques : « nous aimons et nous croyons à la liberté. Mais, nous affirmons qu’elle ne peut se déployer que si la valeur de la vie de chacun est pleinement reconnue et respectée. C’est dans ce cadre protecteur qu’il convient de mettre en œuvre tous les chemins possibles d’aide active à vivre. Plus que jamais, ce qui peut unir et apaiser notre société si violemment fracturée, […] c’est la vérité de notre engagement collectif pour la fraternité. »
L’accompagnement, le souci de l’autre, doit constituer la porte d’entrée de la réflexion sur la fin de vie, mais aussi la clé pour ouvrir des pistes de solutions, comme le rappelaient Claire Fourcade et Jacques Ricot[1], à propos des soins palliatifs et du sens de la mission des professionnels de santé
Le GIEC vient aussi de publier, le 20 mars, un très long texte synthétisant huit années de travaux sur les changements imputables au réchauffement climatique : un texte angoissant évidemment, car décrivant une nouvelle fois cette « menace grave pour l’humanité », mais apportant cependant des solutions possibles pour y remédier.
L’insécurité alimentaire augmente, avec des formes diverses de malnutrition (sous-nutrition, surpoids et obésité) : une suralimentation peu décarbonée dans les pays occidentaux et la faim continuant de progresser dans les pays à ressources limitées, selon le dernier rapport sur la sécurité alimentaire mondiale, puisqu’une personne sur dix souffre de la faim dans le monde.
Constat dramatique donc, qui nous oblige à mettre en œuvre des actions pour atteindre la « neutralité carbone », mais l’humain doit-il rester neutre quand on sait que 1% le plus riche de la population planétaire engendre plus de rejets carbonés que la moitié la plus pauvre[2] ?
Pour Amartya Sen d’ailleurs, l’existence d’inégalités, l’absence de solidarité et de partage contribuent à engendrer des famines et de la pauvreté.
Une situation que l’on peut aussi rencontrer près de chez nous.
Le rapport présenté par le Secours catholique[3], mercredi 7 décembre 2022, analysait le « reste pour vivre », pour les ménages en situation de pauvreté et à la sortie de la crise sanitaire, ce « reste pour vivre « s’élève » à quelques euros par jour et par personne ! Et pour un ménage sur cinq rencontré par le Secours catholique, le « reste pour vivre » était nul, voire négatif…
On a raison de mettre en avant aujourd’hui l’urgence d’un développement durable, mais un véritable développement durable ne doit pas faire durer les tragédies. Il est urgent de faire émerger un « GIEC de la fraternité » pour concrétiser une aide active à vivre pour chacun, en commençant par les plus démunis.
Le chemin de Pâques nous y invite, en accueillant le retour de la vie après la mort, mais aussi en voyant les choses autrement, comme le proposait François Euvé, il y a quelques années[4] : « ce qui était invisible devient visible. Ce qui était dissimulé sous l’apparence de l’ordinaire se révèle à nous comme ce qui sort de l’ordinaire. Ce n’est pas de nous-mêmes que nous y accédons. Il faut une rencontre… Ce qui semblait mort peut alors revivre. »
La rencontre au cœur de la vie, la fraternité au bénéfice de la dignité de toute personne, n’est-ce pas ce que nous avait dit le pape François dans Fratelli tutti (2020) ? Dans une société malade qui tourne le dos à la douleur et qui est « analphabète » dans le soin des plus faibles et des plus fragiles, nous sommes tous appelés à nous faire proches de l’autre, en surmontant les préjugés et les intérêts personnels. Tous, en effet, nous sommes coresponsables dans la construction d’une société qui sache inclure, intégrer et soulager celui qui souffre[5].
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[1] Claire Fourcade et Jacques Ricot. L’euthanasie contredit le soin palliatif. Études, n° 4297, octobre 2022, 33-43.
[2] Selon une étude publiée le 31 janvier 2023 et rappelée dans Le Monde : World inequality report 2022, 234 p.
[3] Secours catholique Caritas France : état de la pauvreté en France 2022. Á l’épreuve des crises. Enquête sur les budgets les plus précaires, 168 p.
[4] Blog de François Euvé, publié le 4 avril 2015.
[5] Fratelli tutti : synthèse de l’encyclique. Université catholique de Lille (mise en ligne le 8 octobre 2020).
Pierre-Henri Duée, Administrateur des SSF
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