Le monde des associations est très hétérogène. Je ne traiterai que des associations classiques, fonctionnant essentiellement par et pour leurs adhérents. Sont donc exclues les structures associatives qui auraient pu adopter un autre statut : les mutuelles, les fondations de pôles de recherche (Institut Pasteur, Institut Curie…), les établissements d’enseignement privés, les établissements de soin ou d’action sociale… Il y a en France, d’après les enquêtes réalisées par l’INSEE ou par la direction de la recherche des études de l’évaluation et de la statistique du Ministère des affaires sociales, à peu près 1,3 million de ces associations classiques. Ce nombre ne baisse pas car les créations annuelles, entre 60 000 et 70 000, compensent largement les extinctions. Leurs activités sont très variées, depuis le club villageois du 3ème âge à la Croix Rouge. Une association a en général un seul domaine d’activité. En voici une liste approximative par ordre d’importance décroissante : sport, loisir et clubs du 3ème âge, culture, défense de causes ou de droits, action humanitaire et caritative, enseignement, religion, développement local…
La participation associative est un élément important de sociabilité et de cohésion pour une société. On l’apprécie par le taux d’adhésion, la proportion de personnes de plus de 16 ans adhérant à au moins une association. Ce taux est de l’ordre de 44% et est assez stable depuis quelques dizaines d’années. Les pays comparables à la France ont des taux voisins. La participation associative entraîne un engagement citoyen plus élevé. Ainsi, pour les membres d’une association quelle qu’elle soit, la probabilité d’avoir voté aux élections législatives ou bien la participation aux élections professionnelles sont très supérieures à celles des non adhérents.
Un certain nombre de facteurs influencent le taux d’adhésion. Ce taux double de l’absence de diplôme à la possession d’un diplôme supérieur au bac. De même le niveau d’adhésion double presque depuis le denier quartile de revenu (les plus modestes) jusqu’au premier quart (les plus riches). L’adhésion des parents influence positivement celle des enfants. Par contre l’âge n’a guère d’effet, sauf pour les tout jeunes qui n’adhèrent guère qu’aux associations sportives. Toutefois, la multiadhésion est beaucoup plus répandue chez les plus âgés, car ils ont plus de temps. Les femmes adhéraient nettement moins que les hommes il y a une trentaine d’années. Leur taux d’adhésion a régulièrement monté pour finalement rejoindre celui des hommes. Ont monté les adhésions aux associations sportives ainsi qu’aux associations humanitaires ou caritatives. Ont baissé les adhésions aux associations de loisir, en particulier les clubs du 3ème âge. Environ 40% de la population n’adhèrent jamais à une association.
Presque toutes les associations recourent au bénévolat. Près d’un adhérent sur deux fait du bénévolat et fournit environ en moyenne 2,5 heures de travail par semaine, soit l’équivalent de 600 000 emplois à plein temps. Il semblerait que le nombre de bénévoles augmente et que le bénévolat se professionnalise, ce dont témoigne le recours sensiblement accru à la formation. Il faut noter qu’un nombre significatif de bénévoles ne sont adhérents d’aucune association. L’étude du bénévolat n’est pas facile car certains hésitent à se qualifier de bénévole, préférant par exemple le qualificatif de militant, et ne travaillent pas dans une association mais, par exemple, dans un organisme social municipal.
L’adhésion à une association et une activité bénévole contribuent au renforcement des liens sociaux.
Paul Champsaur, haut fonctionnaire