Discours d’Astrid Panosyan-Bouvet, Ministre du Travail et de l’Emploi
Réfléchir et débattre sur les grandes questions sociales et sociétales dans le contexte européen.
Garantissons à tous l’accès aux soins palliatifs avant d’envisager une aide active à mourir
Chaque semaine, un regard différent sur l'actualité.
Régulièrement les Semaines sociales de France proposent un voyage apprenant principalement au cœur des institutions européennes pour comprendre, échanger ensemble et avec les députés européens mais également en France dans des quartiers.
Les principes de la pensée sociale de l'Église sont tous orientés vers le respect et la promotion de la dignité humaine. La dignité procède du fait que toute personne est créée à l'image de Dieu et qu'elle est appelée au salut.
La plateforme met en avant les initiatives de terrain en relation avec la pensée sociale chrétienne. Ces témoignages alimentent vos réflexions et vous donnent envie de vous engager pour dupliquer autour de vous ces actions ? Contribuez vous aussi la plateforme. Partagez vos initiatives via via plateformedubiencommun@ssf-fr.org
Dossier Europe
L’Union européenne se situe au début d’une nouvelle législature. Les électeurs ont élu un nouveau Parlement en juin 2024, et la nouvelle Commission est sur le point de commencer ses travaux. Dans le même temps, l’ordre international est bouleversé et l’UE se trouve au cœur d’une polarisation géopolitique. Dans ces circonstances, l’UE doit prendre des mesures décisives pour renforcer sa position en tant que puissance agissant pour une paix qui soit équitable et pour la promotion d’un ordre international fondé sur des règles de droit.
En tant que voix commune des associations chrétiennes laïques d’Europe signataires, notre éthique sociale catholique nous engage en faveur de la réconciliation et de la paix. Nous sommes persuadés que l’utilisation de moyens diplomatiques ne s’oppose pas à l’utilisation de capacités militaires. Ces deux éléments ne sont pas des alternatives, mais les deux visages d’une même stratégie. Outre l’affirmation de capacités militaires, l’UE doit viser à réduire les confrontations par la gestion pacifique des conflits et la négociation multilatérale. Nous apprécions en outre la contribution de la société civile, en particulier le rôle des femmes, à la résolution des conflits et à la construction de la paix.
Au cours de cette législature, l’UE doit aller au-delà de l’adoption de la « boussole stratégique », que nous considérons comme une première étape. Nous appelons à une européanisation plus poussée de la politique de défense, et en particulier à un soutien permanent aux acquisitions communes d’armement par les États membres, qui est actuellement limité à 2026. En effet, les achats conjoints favorisent l’interopérabilité. Le commissaire à la Défense, fonction nouvellement créée, doit jouer un rôle clé à cet égard.
Le développement de nouvelles structures dans ce domaine de la défense devrait être soumis à un contrôle parlementaire effectif par le Parlement européen.
Nous soutenons pleinement le mécanisme de solidarité de l’OTAN, reconnaissant que 22 Etats membres de l’UE et le Royaume-Uni sont liés par ce traité, et nous nous opposons clairement à toute tentative visant à l’affaiblir. Nous soulignons que nous appelons de nos vœux une capacité militaire limitée de l’UE, en tant que pilier européen de l’OTAN, à construire pas à pas.
Nous demandons que l’UE soit non seulement une union économique et politique, mais aussi une union de sécurité.
Le déplacement forcé de populations en Ukraine depuis l’attaque russe en 2014 et l’escalade militaire massive menée depuis février 2022 par la Russie – en violation du droit international- ont causé des souffrances incommensurables. Par le passé déjà, la Russie s’est engagée dans des guerres et les a intensifiées comme en Syrie, guerres qui ont poussé des millions d’innocents à fuir leurs maisons et à chercher refuge en Europe, comme le garantit la Charte internationale des droits de l’homme.
L’Ukraine et son peuple ne doivent pas être abandonnés à court ou à long terme. En Ukraine, ce sont la liberté, celle dont nous jouissons en Europe, la démocratie et les droits de l’homme qui sont défendus. Nous voulons une paix juste, mais pas au prix du renoncement à la liberté, à la démocratie et aux droits de l’homme (1) L’UE doit veiller, dans le cadre d’une alliance transatlantique étroite, et avec ses proches partenaires, à ce que l’Ukraine et les autres États menacés résistent aux attaques et rétablissent leur
intégrité territoriale. L’Ukraine mérite une paix juste et durable fondée sur les principes du droit international, en particulier la Charte des Nations unies, dans le respect de sa souveraineté, de son indépendance et de son intégrité territoriale. La Russie ne doit ni gagner la guerre ni en déclencher une autre. C’est la priorité géopolitique de cette décennie. Les soi-disant propositions de paix ou compromis ne doivent pas se faire au détriment d’un pays victime d’une agression militaire. Un soutien permanent à l’Ukraine ainsi qu’une politique étrangère plus unifiée des États membres de l’UE sont clairement des défis, mais aussi des objectifs indispensables.
Il est loin d’être facile de trouver une attitude claire et commune dans le domaine des affaires étrangères comme le prouvent les dissensions à l’intérieur de l’UE s’agissant de l’adoption et de l’application des sanctions. Lorsque l’Europe manque d’unité sur les
questions de sécurité, elle ouvre la voie à des agressions militaires de la part de régimes autocratiques. Par conséquent, nous sommes favorables à l’introduction de décisions à la majorité qualifiée au sein du Conseil Affaires étrangères et appelons le Conseil européen à les introduire progressivement en utilisant les clauses passerelles. Dans un premier temps, la règle de la majorité qualifiée devrait être appliquée en matière de sanctions. En outre, le Parlement européen devrait avoir une voix plus forte en ce qui concerne la politique étrangère et de sécurité commune. À long terme, nous avons besoin d’une nouvelle architecture de paix et de sécurité en Europe dans laquelle la dissuasion, la maîtrise des armements, la coexistence et la coopération sont bien équilibrées,
Nous affirmons notre soutien à la réduction de la dépendance stratégique de l’UE tout en préservant sa position ferme sur la promotion des droits de l’homme. Après un débat sur la dépendance stratégique de l’Europe vis-à-vis de la Chine, qui doit être réduite de notre point de vue, une stratégie commune devrait être développée. C’est au niveau de l’UE elle-même que doit être défendu l’intérêt économique commun et les droits de l’homme, car nous sommes plus faibles lorsque nous sommes divisés.
La crise écologique nous menace tous. Comme le promeut le « Green Deal », la décarbonation conduit à l’indépendance vis-à-vis des combustibles fossiles, réduit les dépendances énergétiques dangereuses et accroît la sécurité en tarissant une source financière cruciale de certains régimes autocratiques. Nous soutenons qu’il s’agit donc d’un instrument géopolitique important. Pour réussir, une politique climatique ambitieuse doit être étroitement liée à la réduction de la pauvreté et tenir compte de la compétitivité internationale de l’Union. Une taxation équitable du carbone, y compris celui contenu dans les importations, est essentielle pour compenser les désavantages compétitifs à court terme.
Alors que les puissances nationalistes et les autocraties s’affirment et ébranlent les démocraties, l’Europe doit tenir bon et prendre des mesures efficaces contre la désinformation, l’un des éléments les plus érosifs de la confiance. Les populistes ne font que soulever des problèmes, parfois même les inventer – mais ils ne les résolvent jamais.
Nous sommes en faveur d’une Europe forte, qui soit capable d’agir au sein d’une alliance mondiale de démocraties.
En tant que chrétiens, nous nous opposerons à toute atteinte à la dignité humaine et nous resterons engagés dans la lutte pour le bien commun.
L’Initiative des chrétiens pour l’Europe (IXE) est une association d’organisations laïques et de chrétiens engagés de différents pays européens. La préoccupation générale d’IXE est d’intégrer une conscience plus vive d’une Europe unie dans les débats nationaux. L’initiative vise à favoriser la rencontre des chrétiens en Europe et à promouvoir la doctrine sociale de l’Église afin de parvenir à une meilleure connaissance et compréhension mutuelles des différences historiques et culturelles.
Plus d’informations sur https://christiansforeurope.com/.
(1) En février 2023, IXE a publié un texte déclarant que « nous sommes solidaires du peuple ukrainien dans sa lutte contre l’agression et dans son droit à vivre dans un pays libre, et nous reconnaissons son droit à l’autodéfense. Nous condamnons la guerre d’agression de la Russie comme un crime contre l’humanité ». [Source : « L’anniversaire de la guerre russe contre l’Ukraine : L’aspiration à une paix juste et durable en Europe » ; 25 février 2023].
En savoir plus sur IXE :
Discours d’Astrid Panosyan-Bouvet, Ministre du Travail et de l’Emploi
Responsable communication et mécénat-CDI-F/H
Retour sur la 98e Rencontre des SSF
Podcast Pas si simple : Construire la paix, avec Bertrand Badie | Podcast – Pas Si Simple
Suivez l’actualité des Semaines Sociales de France
Contact
18, rue Barbès
92120 Montrouge France
semaines-sociales @ ssf-fr.org
+33(0) 1 74 31 69 00