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Dossier La Tribune du Christianisme social
Nos démocraties avancées sont basées sur la participation des citoyens qui élisent ceux qui les gouvernent et ceux qui les représentent au sein de nos institutions. Malheureusement, ces dernières années on constate une diminution de cette participation. En effet, au Premier tour de l’élection présidentielle de 2017 en France, l’abstention était de 22%, alors qu’elle n’était que de 16% 10 ans plus tôt. Et la tendance semble s’accentuer, puisque des sondages effectués ces derniers mois indiquent qu’elle pourrait atteindre 30% au premier tour de la présidentielle de 2022. Ces chiffres sont inquiétants, car la légitimité du processus électoral réside précisément dans sa capacité à mobiliser les citoyens.
Quelles sont les explications de ce phénomène ? Des travaux de recherche nombreux ainsi que des sondages ont tenté de s’y intéresser, dans le but d’essayer de comprendre quelles catégories de la population étaient le plus touchées par la tentation de l’abstention, et ainsi de trouver des solutions ciblées. Par exemple l’abstention diffère en fonction de la couleur politique des électeurs : en effet, dans le contexte actuel en France, les sondages indiquent que l’abstention concerne un tiers des électeurs de gauche, alors qu’elle ne concerne que 8% des électeurs d’Emmanuel Macron. L’explication qui est avancée le plus souvent est liée au fait que les potentiels électeurs de gauche se disent que « tout est déjà joué », que leur vote ne va pas changer la donne et qu’il est impossible qu’une personnalité qui représenterait leurs idées soit élue. En effet, l’idée que le vote ne sert à rien contribue mécaniquement à la démobilisation des électeurs, ce qui a comme conséquence finale que les résultats obtenus ne représentent pas réellement les préférences de l’ensemble des citoyens. Les sondages pré-électoraux peuvent donc, dans certains cas, contribuer à l’abstention. L’abstention est également plus forte dans les catégories sociodémographiques moins représentées parmi ceux qui nous gouvernent comme les jeunes, les personnes sans diplômes et les catégories populaires[1]. D’autres raisons avancées pour expliquer l’abstention ont également été identifiées comme par exemple l’absence de confiance des électeurs dans les personnalités politiques, liée aux scandales répétés, mais aussi l’absence de confiance dans l’aptitude des personnalités, une fois élues, à réaliser le programme politique sur lequel ils s’étaient engagés. D’autres facteurs, plus mineurs, peuvent aussi impacter l’abstention comme la difficulté administrative à s’inscrire sur les listes électorales (des campagnes sont en cours pour essayer de limiter ce facteur), la difficulté à identifier son bureau de vote (là aussi, des actions sont menées actuellement pour faciliter la démarche de vote).
L’identification des causes de l’abstention est importante car elle permet d’élaborer des propositions de solutions. En effet, pour éviter la démobilisation liée au fait que les électeurs pensent que leur vote ne va servir à rien on pourrait soit limiter la publication des sondages, soit les publier en y rajoutant une version corrigée de ce que serait le résultat si les électeurs de tous bords se mobilisaient de la même façon : la comparaison entre les deux permettrait aux électeurs de voir directement ce que le fait de voter peut apporter. Concernant l’abstention liée à la sous-représentation de certaines catégories de la population, il est possible de faire en sorte que ces catégories soient davantage représentées parmi les candidats par exemple lors des votes à la députation, en imposant des quotas. Concernant la confiance dans l’aptitude des candidats à tenir leurs engagements, on pourrait créer un pacte par lequel les candidats s’engagent à respecter leur programme : en cas de non-respect, ils pourraient être révoqués. Comme on le voit, les pistes sont aussi nombreuses que les causes de l’abstention et doivent tenir compte le plus possible des facteurs limitant la participation de chacun.
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[1]Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen, « La croissance des inégalités de participation n’épargne pas la présidentielle » [archive], lemonde.fr, 25 avril 2017
Catherine Belzung, administratrice des Semaines sociales de France, professeur de neurosciences à l’Université de Tours
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