Débattre d’un nouveau programme stratégique pour l’UE

Amélie de Montchalin, Secrétaire d’Etat chargée des affaires européennes, a convié au Quai d’Orsay le lundi 16 décembre les organisateurs des Conventions Citoyennes sur l’Europe. Nous en étions pour en avoir organisé une avec le Collège des Bernardins il y a un an. Le bilan de ce processus, tiré par la ministre, est évidemment positif : 1082 Consultations en France- beaucoup dans des petites villes- 70 000 participants. Quelques centaines de Consultations hors de France, où le concept a très inégalement séduit nos partenaires.

Riche est la synthèse de ces débats, rédigée par la Commission Nationale du Débat Public. Un constat est d’emblée posé : les institutions européennes sont perçues comme « opaques, complexes, rigides et surtout peu démocratiques ». Cette approche est plus négative que celle de notre propre Convention où l’euroscepticisme de l’un des trois intervenants choisis avait peu séduit les participants. Les propositions retenues nous touchent : une Europe à renforcer à condition de porter une ambition plus sociale, et éthique, avec des traductions concrètes, ainsi pour mieux accueillir les migrants. Et puis de nombreuses propositions précises comme l’extension d’Erasmus à de nouvelles catégories de jeunes … .

La Ministre nous a interrogé, nous les organisateurs de ces Conventions, sur la crédibilité et l’efficacité de cette tentative de renouveler le débat démocratique.

Les réponses furent diverses : du blablabla pour un intervenant, un effort à poursuivre pour relever ce défi de la participation citoyenne, pour d’autres. Bien sûr nous sommes conscients des limites d’une approche qui rassemblent ceux qui acceptent d’entrer dans le débat proposé. La violence de notre quotidien en cette fin d’année rappelle la fragilité des liens sociaux et la rareté des lieux où le débat est encore possible. La Ministre a annoncé que pour préparer la Présidence française de l’UE en 2022 des Conférences Citoyennes vont être organisées sur deux ans. Il va donc falloir accepter, ou refuser, de poursuivre le type de débat proposé. Une belle question pour les Semaines sociales qui travaillent à reformuler ce bien commun qui peut nourrir notre cohésion : conscients des enjeux de toute communication politique, ou simplement sceptiques vues les limites de l’exercice, refusons nous d’être instrumentalisés, ou bien prenons nous le risque de nous mobiliser pour nourrir cette nouvelle tentative de concertation démocratique ?

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Philippe Segretain, membre du CA des SSF

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