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Dossier Plateforme du Bien Commun
« Territoires et démocratie locale »
Après avoir lancé nos bouteilles à la mer, côté mairies de chaque commune, nous comprenons qu’un statut associatif nous ouvrira davantage de portes. L’association « Les Semeurs du Pont » naît donc.
La première intervention qui voit le jour est celle de Charenton. Elle relève de l’ordre d’une convention d’occupation du domaine public, à travers la culture et l’entretien de jardinières dans un square situé au cœur d’un quartier social de la ville, à proximité d’une maison de retraite et de logements privés.
La mairie n’avait à court terme pas d’espace à nous concéder pour notre activité de culture, et nous défendions l’intérêt d’une telle activité dans ce quartier. Peu à peu le petit composteur s’est avéré trop petit, les riverains non adhérents venaient y apporter leurs déchets verts.
Ce besoin révélé, la mairie de Charenton nous a prêté main forte dans l’installation d’un point de compostage de quartier avec des bacs plus grands. Petit à petit, des riverains y sont descendus et s’y sont rencontrés. Les discussions y vont bon train lors des permanences de brassage du compost ou bien d’entretien des jardinières.
Nous voulions « identifier » les personnes qui apportaient leurs déchets, pour les former et surtout être sûrs du nombre de personnes participantes (le composteur est dimensionné pour un certain nombre de familles). Devant les bacs fermés avec un cadenas pour lequel seules les personnes inscrites avaient le code, les non-inscrits déposaient leurs sacs au pied du composteur, ce qui n’était ni esthétique ni hygiénique. Depuis que le bac est ouvert à tous, nous n’avons plus de soucis. Demeure celui que le bac se rempli rapidement ! Mais nous trouverons une solution je le sais. Le composteur est maintenant utilisé par des riverains non adhérents, c’est devenu un espace identifié dans le quartier. Le projet de l’association est bien de révéler à nouveau cela et de développer autour de ce point de repère un espace de convivialité, de vie du quartier. Cela demande du temps, mais surtout l’important que nous avons compris c’est que cela doit aussi venir des riverains, dans les talents qu’ils veulent exprimer, le temps qu’ils souhaitent y consacrer (…) donc cela met du temps à se mettre plus en place.
Pour autant quelle joie de voir les yeux des petits et des grands quand on cueille une tomate cerise et qu’on leur donne pour qu’ils la dégustent sur le champ, après leur avoir montré les graines à l’intérieur, qui à leur tour, pourraient donner des tomates.
Cet émerveillement, nous le vivons également sur la parcelle que nous a confiée la mairie de St Maurice, au sein du parc de l’hôpital de St Maurice. Sur 1 000m², nous avons proposé la culture d’un jardin collectif, où tout le monde jardine pour tout le monde. Ainsi les taches sont identifiés par un petit groupe de personnes ressource, sur la base d’idées venant des adhérents et de tâches à accomplir pour le jardin, et des ateliers sont organisés : paillage, collecte de graine, arrosage, conception de claies, semis, atelier de reconnaissance de plantes…. Chacun rejoint l’atelier qui l’attire et partage un moment avec d’autres. Nous nous regroupons à la fin pour un moment convivial (avant la période de Corona), et la répartition des récoltes. Chacun repart avec quelque chose, même s’il vient pour la première fois.
Des amitiés se sont tissées, des passions se sont développées, le résultat est aussi miraculeux que l’idée était originale. Pas de parcelles individuelles, mais une seule grande parcelle pour tout le monde. C’est exigeant en termes de pédagogie, communication et lors des permanences pour les personnes ressources, qui sont attentives au bon déroulement des activités, mais l’aventure en vaut vraiment la chandelle.
Ces deux interventions sont très différentes, leurs résultats diffèrent aussi grandement, mais l’important est de souligner le succès de cette proposition locale de retour au sens du concret et au sens de la terre, si important comme l’a écrit le pape François dans l’encyclique Laudato Si. Ce besoin s’exprime à travers l’engagement qu’ont pris les adhérents à venir sur chacun de ces parcelles, à travers la régularité des dépôts dans les composteurs, de déchets verts, à travers les nouveaux adhérents réguliers qui arrivent dans l’association.
Les équipes municipales étaient, au départ, perplexes face à la démarche. La pédagogie que nous avons mise en place avec elle, et notre conviction pour le projet (le besoin fort aussi sans aucun doute) nous ont été favorable, et elles nous ont soutenues finalement rapidement.
Cette expérience témoigne je crois de l’importance des initiatives citoyennes, mais aussi de la formation de ces « citoyens » qui tentent des choses : nous avons de bonnes idées, nous avons simplement besoin d’être accompagnés et de ne pas être seuls pour les réaliser, et cela peut prendre part à l’évolution d’un climat dans un quartier ou bien densifier les liens qui existent entre nous.
Audrey Josselin, présidente de l’Association les Semeurs du Pont
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