Longue vie au pacte pour le pouvoir de vivre !

Le 5 mars dernier, 19 associations dont 4 grandes organisations syndicales ont rendu public un « Pacte pour rendre à chacun le pouvoir de vivre [1] ». Sans doute ce texte n’aurait-il jamais vu le jour s’il n’y avait pas eu le mouvement des Gilets jaunes et le grand débat national. Le collectif humaniste qui le porte est parvenu à offrir une réponse cohérente aux enjeux globaux, tout en acceptant l’interpellation d’un mouvement social qui s’est développé en dehors de sa mouvance.

« Pour permettre cet engagement, des transformations sont requises dans le fonctionnement de la démocratie »

Il s’agit d’abord d’un pacte, non d’un programme politique pour la seule puissance publique. Face à la remise en cause de notre modèle de société, les « changements requis sollicitent l’engagement de tous » : simples citoyens, associations, syndicats, administrations et entreprises. Pour permettre cet engagement, des transformations sont requises dans le fonctionnement de la démocratie. Selon les signataires du Pacte il s’agit moins de « changer nos institutions que de les ouvrir vraiment à la participation ». Ils n’évoquent ni RIC ni amendements de la Constitution mais une implication citoyenne concentrée sur la mise en œuvre de la législation et l’évaluation des pratiques administratives.

L’enjeu de ce « pouvoir de vivre », c’est un projet de société, offrant un autre horizon que la seule augmentation indéfinie du pouvoir d’achat. Il s’agit de restaurer la conscience d’un bien commun face aux défis environnementaux et de mettre chacun en situation d’y contribuer. La lutte contre les exclusions et les inégalités revêtent alors tout leur sens, de même que la promotion d’un « maillage territorial des services essentiels », le développement dans l’éducation d’une « culture de l’écoute attentive aux capacités personnelles », la multiplication dans le monde professionnel des « négociations portant sur la qualité de vie au travail ».

C’est enfin et peut être surtout l’esquisse d’un compromis nouveau entre les forces économiques et sociales dans le long terme. Le pacte pose comme incontournable la contrainte, française et européenne, du retour de l’économie sur une trajectoire « conforme aux engagements de la COP21» en matière de transition énergétique. Les entreprises devraient alors jouer un rôle central pour adapter emplois et investissements aux exigences d’une tarification carbone effectivement appliquée.

Les organisations syndicales signataires sont prêtes à s’engager dans cette voie avec ce qu’elle implique de transformation des métiers et des qualifications. Il faut en retour une nouvelle donne pour la représentation et la participation des salariés ainsi qu’une montée en puissance de la responsabilité sociale de l’entreprise de la part des dirigeants et actionnaires. L’autre face du compromis se joue sur la fiscalité en vue de mettre les familles les plus modestes en situation de prendre part elles aussi à la transition énergétique.

« Il ne serait pas difficile de déceler des lacunes dans les 66 propositions du Pacte. »

Il faut le voir comme un « chantier » collaboratif ouvert et perfectible pour donner corps à une vision raisonnable reliant les nécessités du court terme et les mutations à long terme, vision dont nous avons si fort besoin dans le moment que nous traversons. Souhaitons que se joignent au Pacte des acteurs représentants les entreprises y compris financières car leurs compétences et leur dynamisme sont indispensables pour faire advenir un « pouvoir de vivre ».

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  1. https://www.cfdt.fr/portail/actualites/societe/-pacte-66-propositions-pour-donner-a-chacun-le-pouvoir-de-vivre-srv2_658341

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Jérôme Vignon, rédacteur des SSF

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