J’ai fait un rêve avec les Gilets jaunes

A l’heure où j’écris ce blog, on ne sait pas encore quelle leçons le Président de la République aura tirées du Grand débat national. On ne connait pas non plus les conclusions de l’AG de Saint Nazaire tenue par des représentants du mouvement des Gilets jaunes pour savoir quelles suites donner à leur mouvement. On a donc le droit de rêver.

« Je voyais aussi des Gilets jaunes derrière leur poste de télévision se détendre, comme s’ils se sentaient compris par celui qui dans sa fonction s’exprime au nom de tous les Français. »

J’ai fait un rêve optimiste, car telle est ma nature : je crois en la capacité de chacun de tirer les leçons de ses épreuves. Dans ce rêve je voyais le Président exposer des idées qui répondaient aux attentes essentielles des Gilets jaunes , souvent masquées par le ressentiment et la colère. Mais je voyais aussi des Gilets jaunes derrière leur poste de télévision se détendre, comme s’ils se sentaient compris par celui qui dans sa fonction s’exprime au nom de tous les Français. C’était optimiste, j’en conviens. Je me suis donc réveillé. Il me fallait cette fois réfléchir à ce que le Président aurait pu dire. Donc je devais choisir parmi les attentes de Gilets jaunes celles qui me semblaient être vraiment à l’origine de leurs souffrances.

Je me suis souvenu qu’une phrase revenait chez les dames Gilets jaunes qui persistaient à se rendre sur les ronds-points. Elles disaient : nous faisons cela pour nos enfants.

« Que pourrait donc annoncer notre Président qui ouvre des perspectives aux enfants de ces Français modestes qui ressentent qu’ils sont dans l’impasse ? »

Prolongeant la réforme du baccalauréat et celle du « parcours sup », il pourrait d’abord annoncer un plan zéro échec en fin de première année d’Université : en investissant dans le tutorat dès l’accueil , en démultipliant les travaux d’ateliers en petite classe et les propositions de rattrapage sur les savoirs faire élémentaires, en organisant une évaluation à mi-parcours conduite avec chaque étudiant pouvant déboucher sur une réorientation , en ouvrant des passerelles avec les Grandes Ecoles qui seraient progressivement incorporées aux Universités .

Réciproquement les professions auxquelles appartiennent souvent les Gilets jaunes [1] (professions indépendantes, métiers de la santé et des soins) se verraient encouragées à ouvrir beaucoup plus largement les possibilités de l’apprentissage et du service civique aux jeunes de plus de 16 ans, dans le cadre du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté des jeunes et l’exclusion qui devrait bientôt rentrer en application.

« Dans ce contexte l’accès au Revenu universel d’activité [2] serait étendu aux jeunes de plus de 18 ans. »

Ces mesures couteraient de l’argent. Ce serait un investissement dans la jeunesse financé par un effort de solidarité acquitté, emprunt obligatoire à long terme ou CSG majorée, par les plus fortunés.

Pour couronner le tout, chaque département à tour de rôle, en gros tous les deux ans, prendrait l’initiative à sa façon propre d’un samedi de la fraternité en prolongement des samedis des Gilets jaunes.

Je vous l’ai dit, c’était un rêve .

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Jérôme Vignon, présidente honoraire des SSF

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  1. Observation tirée notamment de l’enquête du Credoc sur l’invisibilité sociale pour l’ONPES en 2016 et des premières observations sociologiques conduites sur les Ronds points fin 2018.
  2. Le Revenu universel d’activité devrait se substituer au RSA et à la plupart des minimas sociaux dans le cadre du Plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté des jeunes et contre l’exclusion.

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