Niveau de vie et temps de travail

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Les États-Unis ont un PIB ou une consommation par tête supérieurs d’environ 30% à ceux de la France ou de la Zone Euro. Les États-Unis ont plus de ressources naturelles et les meilleures universités. Leur recherche scientifique surpasse celle de l’Europe et les très grandes entreprises dans les nouvelles technologies sont américaines. On s’attendrait donc à ce que la productivité mesurée par le PIB par heure travaillée y soit supérieure et que la différence explique largement l’écart des niveaux de PIB par tête. Ce n’est pas le cas : la productivité horaire est la même aux États-Unis qu’en France et en Allemagne.

Le nombre total d’heures travaillées annuellement est le produit du nombre d’heures travaillées en moyenne par les personnes en emploi et du nombre d’emplois. Les travailleurs américains travaillent plus que les travailleurs français, environ 1800 heures par an contre 1500 heures. Nous avons une durée hebdomadaire du travail plus faible et plus de congés annuels. Le poids du temps partiel est identique dans les deux pays. Le nombre de personnes en emploi rapporté à la population est également plus faible en France. La proportion de la population en âge de travailler est identique dans les deux pays. Mais les comportements différent : les Américains sont plus souvent actifs, notamment en fin de carrière, et les actifs moins souvent au chômage. Aussi l’écart entre les deux pays sur l’emploi rapporté à la population est proche de 9%. L’écart entre les PIB par tête des deux pays correspond donc à peu près à l’écart entre le nombre d’heures travaillées par tête.

Il ne faut évidemment pas assimiler différences de revenus et de « bien-être ». En effet, en France et en Europe un moindre revenu implique plus de loisir. Ceci peut résulter d’un choix collectif raisonné. Les enquêtes indiquent qu’en majorité les Français ne souhaitent pas travailler plus pour gagner plus. Une forte minorité, majoritaire chez les moins bien payés, préférerait travailler plus avec moins de temps libre.

Compte tenu des goûts de nos compatriotes, il n’y a pas de raison évidente pour modifier la durée du travail hebdomadaire et les congés annuels. Les comparaisons internationales et les nombreuses études montrent qu’il n’y a, à moyen terme, aucun accroissement de l’emploi du fait d’une baisse du temps de travail, au contraire. On ne comblera pas l’écart du nombre d’heures travaillées par habitant entre nous et les États-Unis. Au mieux, on peut le réduire un peu en augmentant notre taux d’activité et en abaissant le chômage. Il faut mettre plus de souplesse dans le système. Ainsi notre droit du travail est beaucoup trop développé, détaillé et rigide.

Le régime des heures supplémentaires est un bon exemple. Il doit permettre aux entreprises de s’adapter aux aléas et aux goûts de ses travailleurs. On voit mal pourquoi le taux de bonification et le quota des heures supplémentaires doivent être uniformes et fixés par la Loi. De même il faudra allonger la durée d’activité du fait de l’accroissement de l’espérance de vie.

Il vaudrait mieux accroître le nombre d’années de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein de façon à laisser le choix de l’âge de départ à la retraite plutôt qu’accroître uniformément celui-ci.

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Paul Champsaur, Rédacteur des SSF

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